— Par Sylvie Javaloyes, Culture-Egalité —
Le harcèlement sexuel est une arme de destruction massive dont l’objectif est de remettre les femmes à une place : être des objets sexuels. De fait, 99% des harceleurs sont des hommes : blagues salaces, messages ou images à caractère pornographique, gestes déplacés, tout le temps, sont autant de moyens mis en oeuvre par ces hommes. Lorsque les femmes ne répondent pas à cette violence, la plupart du temps sans témoin, l’humiliation en public la remplace.
Dans l’entreprise, nos collègues masculins nous rappellent ainsi que nous ne sommes pas comme eux des professionnelles venues travailler, mais des vagins, des fesses, ou des seins qui se trouvent exercer une profession. Pour tout être humain, être réduit à son sexe, c’est comme être réduit à sa couleur de peau, c’est humiliant, c’est violent, c’est destructeur : perte de confiance, culpabilité et peur. Peur de ne pas être crues, d’être accusées d’exagération, de manquer d’humour, d’être aigries, voilà ce que vivent de nombreuses femmes. Quotidiennement.
Lire : Harcèlement sexuel au travail, des femmes brisent l’impunité
Pour comprendre l’ampleur de cette violence, il suffit d’analyser les chiffres en France : -20% des femmes qui travaillent sont victimes de harcèlement sexuel, cela représente 3 millions de femmes. -Parmi ces 20% de femmes victimes de harcèlement sexuel, seules 5% -soit 150 000 femmes- portent plainte. Parmi ces 5% de plaintes, 95% sont classées sans suite. Les victimes perdent souvent leur travail alors que les harceleurs ne sont pas inquiétés. Le « Collectif 8 Mars Martinique » a récolté sur son blog cultureegalite.tumblr.com des témoignages de femmes victimes de harcèlement dont 49% concernent le harcèlement au travail. Le prix à payer pour les femmes est énorme : précarité, appauvrissement, santé physique et psychologique affectée.
En Martinique aussi
Des évaluations injustes, de mauvaises références, un dossier professionnel dévalorisé, des refus de possibilités d’emploi, de promotion ou de formation, l’obligation de quitter son emploi, de démissionner, des pertes de revenus, des congés de maladie, une invalidité de longue durée, des inquiétudes face à l’avenir, de l’insécurité financière, des difficultés ou une incapacité à se chercher un autre emploi en raison du manque de confiance en soi. Que faire si cela vous arrive : Rappelez-vous que ce n’est JAMAIS de votre faute ! Seul le harceleur est responsable de la violence que vous subissez.
Obtenez de l’aide et parlez à quelqu’un en qui vous avez confiance : proches, syndicats, associations féministes. Notez systématiquement sur un cahier tout que vous subissez de la façon la plus factuelle possible, avec dates et lieux où vous avez subi ce harcèlement et nom(s) du·des témoin(s) éventuel(s).
Vous n’avez pas à affronter le harceleur, surtout s’il s’agit d’un de vos supérieurs. Protégez-vous en parlant à plusieurs personnes du harcèlement que vous vivez et donnez-leur des faits précis grâce à votre cahier. Gardez une copie de tous les messages, notes etc. que vous avez émis ou reçus de votre harceleur. Vous pouvez déposer une plainte. Vous pouvez nous joindre au 0696.53.71.16, asso.culture.egalite@gmail.com, ou encore déposer votre témoignage anonyme sur le site : cultureegalite.tumblr.com Retenez : vous n’êtes pas seule !