— Par Suzanne Dracius —
Tout soudain, en flammes, Notre Dame,
Notre Dame de Paris, notre drame
du tout monde,
au lendemain du quiet dimanche des Rameaux.
Voici que le feu torture les Mânes de Victor Hugo,
Meurtrit le corps déjeté de Quasimodo,
Et voici que l’incendie, cruel chorège,
Tourmente la grâce farouche de la superbe Esmeralda,
Violente sa danse sur le parvis,
Et la gothique magnificence des bâtisseurs de cathédrales,
De la colossale dentelle de pierre
Et de la séculaire forêt de charpente de chêne.
Puissent nos flots de sanglots et les eaux de la Seine éteindre l’incendie !
Terrible, le sentiment d’impuissance, alors que les flammes redoublent,
Gagnent les tours,
Accentuant notre sentiment de vulnérabilité.
Soudain, des fumées véhémentes surgit et soudainement me hante
La haute soutane d’Étienne Vinson, l’aumônier du lycée Marie-Curie
Au temps où j’y étais lycéenne
Dans mes jeunes années scéennes,
L’abbé Vinson, qui quitta l’aumônerie du lycée pour devenir chanoine
À Notre Dame,
L’ascète aux traits émaciés, aux longs pieds sanglés de spartiates
Qui me postillonna la biblique histoire
De Suzanne et les vieillards
Au mitan de bribes de laitue cuite
Qui m’aspergeaient le visage,
L’abbé Vinson vaticinant que je n’aurais pas toujours
Un prophète Daniel pour venir à mon secours…
Voici que soudain me frôle la haute silhouette à la Frollo,
– Le côté maléfique en moins –,
Voici que l’altière soutane me rassérène, comme antan, assèche mes larmes,
Triomphe des flammes.
« Tristesse et incrédulité », dixit, à Rome, le Pontifex Maximus…
Pallier la tristesse due à l’incendie
Par l’incandescence de la poésie.
Viendront d’ardents rebâtisseurs de cathédrales.
En attendant, les gargouilles pleurent du plomb fondu.
Suzanne Dracius