—Par Denis Sergent —
Les « femmes de terrain » sont mises à l’honneur pour la quatrième édition de « L’ethnologie va vous surprendre ! » qui se déroule les samedi 23 et dimanche 24 mars au Musée du Quai-Branly. Philippe Charlier, médecin légiste, anthropologue, directeur du département de la recherche et de l’enseignement du musée nous explique le pourquoi et le comment de cette manifestation gratuite qui, en 2017, a attiré près de 20 000 visiteurs.
Pourquoi organiser ce type de rencontre au musée Branly ?
Le Musée du Quai-Branly – Jacques Chirac n’est pas qu’un musée. C’est aussi un lieu de recherche pour les ethnologues, anthropologues, historiens, géographes, archéologues, sociologues, et de rencontre avec tous ceux qui s’intéressent à la diversité des sociétés, des cultures et des enjeux du vivre ensemble.
Certes, ce musée est riche d’objets, de photographies, de films, mais l’intérêt majeur est de les faire vivre en les faisant dialoguer avec les hommes et les femmes, qu’ils soient chercheurs ou visiteurs.
Pourquoi avoir choisi cette année le thème « Femmes de terrain » ?
Le plus souvent, l’image que le public a des ethnologues est essentiellement masculine. On s’est en effet aperçu que les visiteurs avaient une certaine méconnaissance du rôle et de la place des femmes dans les « missions de terrain », dans « l’observation participative » lors de longs séjours passés auprès de populations parfois très isolées géographiquement ou très différentes culturellement. En d’autres termes, les ethnologues femmes sur le terrain, qu’elles aient été seules (Alexandra David-Neel au Tibet, Ella Maillart au Sin-Kiang) ou avec leur mari ou compagnon (Maurice et Jeannette Fievet au Nigeria) ont eu un apport essentiel dans l’approche des femmes. Une sorte de double regard.
Ces dernières années, assiste-t-on à un renouveau de l’ethno-anthropologie ?
Non, je ne pense pas. En revanche, le clivage qu’il y avait entre l’ethno-anthropologie, les sciences humaines et sociales d’une manière générale, et les sciences fondamentales telles que la biologie, la génétique ou la médecine tend à s’estomper progressivement. De fait, l’ethnologie se nourrit de plus en plus des sciences biomédicales. On assiste à une sorte d’éclatement des disciplines telles qu’on les pratiquait autrefois, et à l’avènement de « champ interdisciplinaire », par définition plus large et plus ouvert. Toutes des disciplines ont beaucoup de choses à se dire. On évolue de plus en plus vers un regard croisé.
Concrètement, on réétudie des objets de nos collections comme des artefacts militaires ou hautement symboliques (charge magique) sous un nouvel angle. On reconsidère des pièces des collections en les mettant en perspective avec des écrits ou des témoignages de voyageurs, d’écrivains ou d’explorateurs, a priori non spécialistes d’ethnologie. »
« L’explorateur doit se comporter de façon éthique »
Renseignements : Musée du Quai Branly tél. 01 51 61 70 00
À noter, deux activités particulièrement originales :
-Comment/No comment
Salon de lecture Jacques Kerchache
Le spectateur assiste, sans commentaire ni explication préalable, à la projection d’extraits de films de terrain. Il est ainsi mis dans la position de l’anthropologue en pleine observation in situ. Après la projection, il est invité à réagir et à discuter avec les auteurs du film.
-Atelier « Edit-a-thon » avec Wikipedia
Médiathèque, tout public
Améliorer les pages du site Wikipedia en lien avec la recherche en sciences humaines et sociales, avec des chercheurs et des contributeurs réguliers.
Samedi 23 mars, de 12h à 13h, de 14h à 15h, de 16h à 17h.
Denis Sergent
Source : La Croix