— Par Gilbert Pago —
Mesdames et Messieurs les Parlementaires,
L’histoire et la géographie de nos territoires se conjuguent pour rendre selon nous évidente la mission pour vous qui découle de la brûlante actualité de notre partie du monde. Personne ne peut être sourd aux bruits de bottes que l’on entend poindre pour le Venezuela.
En tant que Parlementaires, vous pouvez goûter facilement aux amères délices de la fiction suivante.
Imaginez le Président de votre Assemblée Nationale ou de votre Sénat, soudain atteint par la folie du pouvoir ou gagné par le « dégagisme » qui s’exprime en ce moment dans les rues de nombreuses villes de France, depuis 14 semaines contre le Président en exercice, se déclare Président à sa place ( on appelle ça un » président autoproclamé » ) au motif , d’ailleurs vrai !, que celui-là n’a été élu que par une minorité du corps électoral français.
Imaginez encore que le chef du gouvernement italien, dont on connait l’amour pour le Président officiel de France, déclare, avec l’appui du président russe et de celui des USA, ( tout aussi mal élu que le Français ), ne plus reconnaître le Président en exercice et lui donner 8 jours pour organiser; sous la tutelle du président de facto ( enfin…autoproclamé !) de nouvelles élections présidentielles !
Imaginez toujours des troupes italiennes massées à la frontière de la France et prêtes à porter, contre l’avis du président constitutionnel de ce pays, une aide humanitaire pour les millions de Françaises et Français qui crient ces jours-ci leurs difficultés à boucler leurs fins de mois…
Inutile de continuer. Inutile d’imaginer l’indignation planétaire ! C’est pourtant exactement ce qui se passe au Venezuela sous nos yeux.
Et « l’autoproclamé » du Venezuela annonce pour le 21 de ce mois une provocation destinée à mettre le feu aux poudres tandis que le malade du Nord, celui-là même qui veut jeter pat la fenêtre des millions de dollars pour fermer hermétiquement la frontière de son pays avec le Mexique voisin, est prêt à couvrir ou peut-être même organiser une invasion militaire du Venezuela depuis la Colombie d’à côté. Et là , nous ne sommes plus dans la politique fiction. Le chaos installé durablement en Libye par l’agression militaire franco-occidentale de l’époque ne sert aucunement de leçon aux apprentis sorciers de l’acabit de Trump ou autres Macron. Ils sont prêts à recommencer au Venezuela.
Mesdames et Messieurs les Parlementaires de nos pays, nous savons bien que le pouvoir de décider, en la matière et plus encore dans les autres domaines, n’est pas entre vos mains. Mais si, au nom des conséquences inévitables qu’auraient sur les peuples que vous représentez l’ouverture d’une guerre civile au Venezuela, vous osiez élever la voix pour une issue politique, démocratique et respectueuse de la souveraineté de ce grand pays voisin à la crise qu’ il traverse en ce moment, vous aurez une chance de peser sur la situation, d’émettre un signal non seulement en direction de vos collègues français-e-s mais encore des institutions caribéennes où vous avez gagné votre intégration. Nous nous attendons à ce que vous preniez une démarche semblable à celle de plusieurs pays de la Caraïbe exigeant la non intervention et la paix pour notre grande région.
De fait, personne n’est mieux placé que vous pour émettre d’une façon audible à une échelle internationale, le cri de nos pays contre les heures sombres que prépare méthodiquement le putschiste Guaidò agissant en marionnette lamentable de l’impérialisme US qui croit venue l’heure de faire main basse sur les richesses considérables du Venezuela.
Dites haut et fort que ce ne sera pas en notre nom.