— Par Roland Sabra —
«Fouille-merde, impotent, triste sire, crapule moralisatrice, prétendu journaliste d’investigation, ignorant etc. ». Se faire épingler par deux critiques différents, en quelques mois, comme « mercenaire » et ce sans aucune consultation, contrairement au procès d’intention dont il semble friand, conduit Ph. Adrien à vomir un flot d’insultes à l’endroit de Roland Sabra qui, force est d’en convenir, ne s’est jamais situé dans ce fossé fangeux et qui le laisse volontiers comme lieu d’aisance au metteur en scène parisien.
Les faits, simplement les faits et ils sont têtus comme disait Lénine.
L’Andromaque « parisienne » dont parle Ph.Adrien « présentée dans une première version » en décembre dernier (citation) était donc un travail d’atelier d’un an jugé insuffisamment abouti pour qu’il soit repris, retravaillé et présenté 10 mois plus tard dans une forme enfin acceptable pour le public parisien. C’est ce que « Le Naïf » a écrit. La gestation de la mise en scène a donc duré au moins deux ans.
La Phèdre présentée à Fort-de-France a suscité un travail préparatoire de 5 semaines de F. Raffenaud et quinze jours de Ph Adrien le talent d’Aurélie Dalmat palliant le manque de temps!!. Nulle part il n’avait été dit, ce qu’on nous annonce aujourd’hui qu’il s’agissait d’un brouillon ou de l’esquisse de l’esquisse d’un projet de mise en scène, au contraire cette version était présentée comme un chef d’oeuvre et un grand quotidien martiniquais s’était vautré dans un éloge grandiloquent aussi dithyrambique que ridicule de cette prestation. On nous apprend aujourd’hui que cette Phèdre foyolaise est un premier jet qu’elle va être reprise, et sérieusement retravaillée afin d’être enfin présentable pour le public parisien dans plus d’un an. La gestation aura donc elle aussi été d’environ deux ans. Le travail sur la Phèdre de For-de-France n’était pas terminé, tout juste commencé. Le jugement du « Naïf » était donc fondé, le reste n’est qu’écume à la surface de l’eau.
Pas besoin d’avoir étudié longtemps la psychodynamique du travail de pour savoir que toute production artisanale ou artistique suscite un double jugement. Un jugement d’esthétique qui relève des pairs, de ceux, ils ont peu nombreux, qui de l’intérieur du métier peuvent se prononcer et un autre qui relève de l’utilité sociale du travail accompli. Quand Ph. Adrien propose un spectacle il le propose que l’on sache accessoirement à ses pairs et principalement à un public, qui a semble-t-il son mot à dire. Quelle nécessité y avait-il à monter et surtout de cette manière (!) une Phèdre ici et maintenant en Martinique?
Le collaborateur du Naïf s’est toujours prononcé de cette place de spectateur amené à formuler un avis sur la manière dont il reçoit comme public un travail qui lui est adressé. Cette place est la sienne et il la revendique. Il a l’immodestie de penser que si les critiques qu’il a formulées et auxquelles il souscrit de nouveau et totalement, avaient pu contribuer pour si peu que ce soit à ce que ce travail inaccompli, bâclé soit repris et amélioré afin d’être livré dans une version enfin acceptable il en serait ravi et encore plus si on pouvait voir enfin, une Phèdre digne de ce nom à … Fort-de-France.
Roland Sabra