— Par Gaël De Santis —
Un jugement intervenu jeudi permet à la défense de Mumia Abu-Jamal de faire appel de sa condamnation pour le meurtre d’un policier sous trente jours. Toutefois, le procureur de Philadelphie, Larry Krasner, peut encore faire appel de cette décision. Les soutiens du prisonnier politique noir-américain salue l’avancée survenue cette semaine.
Pour Mumia Abu-Jamal, l’appel est à portée de main. Le magistrat de Philadelphie Leon Tucker a jugé, jeudi qu’il y avait eu un biais dans la procédure. Journaliste radio, militant dans la communauté noire-américaine de Philadelphie, Mumia Abu Jamal avait été condamné à mort pour le meurtre d’un journaliste en 1982 au terme d’un procès inique : certaines personnes de couleurs noire avaient été écartées du jury par le sinistre juge Sobo qui avait promis à l’accusation « je les aiderai à frire ce nègre ». En 2011, la peine de Mumia Abu-Jamal avait été commuée en prison à vie, sans jugement.
Cette année, la défense de Mumia Abu-Jamal, 64 ans, avait relevé le rôle du juge Ronald Castille à plusieurs étapes de la procédure visant le journaliste, une fois comme procureur adjoint, puis comme juge à la Cour suprême d’État. Leon Tucker a estimé, hier, qu’il aurait dû se récuser. Ne pas l’avoir fait suggère un « biais », juge-t-il, relativisant sa décision : Ronald Castille n’aurait pas joué un rôle primordial d’abord comme procureur puis juge.
L’avenir judiciaire de Mumia-Abu Jamal est désormais dans les mains du procureur de district Larry Krasner, élu en 2017 et connu pour ses positions progressistes. Ce dernier a encore la faculté de faire appel de la décision du juge Leon Tucker, qui permet à la défense de Mumia d’interjeter appel sous trente jours.
« C’est une victoire légale inédite. C’est la meilleure chance que nous avons de libérer Mumia depuis des décennies », s’est réjoui Rachel Wolkenstein, avocate et militante de la cause de Mumia Abu-Jamal. Aux États-Unis, cette avancée dans le dossier Mumia est saluée par ses proches.
« C’est un formidable succès, mais la suite n’est pas écrite », salue Jacky Hortaut, coanimateur du comité du collectif français Libérons Mumia. L’heure est à la mobilisation.
Un rassemblement est programmé, mercredi 2 janvier à 18 heures, place de la Concorde, près de l’ambassade des États-Unis
Source : L’Humanité.fr