Cayenne: carences de l’État et insécurité

L’atmosphère en Guyane est très tendue depuis la résurgence du problème des squats dans toute la ville capitale : Cayenne.
Face à ce phénomène un groupe de riverains en colère, dont je fais partie, s’est mobilisé spontanément afin de conduire des actions fortes pour que leurs droits soient respectés.
Dans le cadre de nos actions, nous avons pris la décision de porter l’information au delà des frontières guyanaises.
Deux courriers témoignent de cette situation. Il s’agit de la  » lettre ouverte au procureur de la république » de Maître Robo-Cassildé et celle de monsieur Gabriel Serville, Député de la 1 ère circonscription de Guyane « soutien à Maître Robo-Cassildé » adressée à l’assemblée nationale. Ces courriers, toujours relatifs aux squats, ont été largement diffusés sur les réseaux sociaux.

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Lettre ouverte au Procureur de la République

Monsieur,

Depuis plus de trois ans aujourd’hui, les riverains de la rue Madame PAYE sont l’objet d’infractions récurrentes par les squatters du numéro 53 de la même rue : agressions, vols, effractions, dégradations menaces, Trafic de drogue à ciel ouvert, prostitution, tapage diurne et nocturne, au vu et au su de tous.

Ces infractions ont toutes fait l’objet de plaintes qui n’ont JAMAIS ABOUTI, laissant les occupants du squat, la plupart en situation irrégulière dans IMPUNITÉ TOTALE, alors que le quartier était plongé dans L’INSÉCURITÉ, LA VIOLENCE ET LA PEUR.

Le 5 septembre dernier, un groupe d’individus, entendant finalement l’appel à l’aide des habitants> de la rue Madame PAYE, face à l’inertie des forces de l’ordre, venait déloger les squatteurs du 53 rue Madame PAYE.

Il a fallu d’une plainte, Monsieur le Procureur, d’une seule plainte (!) de la part des squatters, au Commissariat de Police de Cayenne, pour que vous annonciez que les représentants de ce groupe d’individus, que l’on désigne comme les « Grands Frères », seraient convoqués au Commissariat de Police et placés en garde à vue.

Un comble, quand les plaintes des riverains, la plupart propriétaires depuis des décennies, sont toutes classées sans suite>, ou pire, que le Commissariat refuse de recevoir leurs plaintes !

Un comble quand le Commissariat de Cayenne, appelé à l’aide face à la situation, leur répond, je cite « qu’il est démuni ».

Vous vouliez la tête des Grands Frères depuis le Mouvement social de mars 2017, nous l’aurons compris.

Mais n’oubliez pas, que lorsque vous réglez vos conflits avec les Grands Frères, lorsque vous demandez leur tête de la sorte, vous instrumentalisez vos concitoyens en les exposant immédiatement aux violences et représailles des squatters.

Car quel signal pour eux que ce dépôt de plainte si vite couronné de succès !!

Au lieu de lutter contre l’insécurité qu’ils génèrent, en réalité, vous les installez !!

Pourquoi ne pas avoir agi aussi vite face à la quantité de plaintes reçues chaque mois par les riverains depuis 3 ans ?

Le comble est que les seuls à avoir agi seront bientôt en garde-à-vue et que la population guyanaise se trouvera ainsi tout aussi démunie que la Police Nationale.

Alors que proposez-vous Monsieur le Procureur, pour assurer notre protection ?

Devons-nous payer une société privée qui ne portera pas le nom de milice pour pallier la carence de l’Etat ?

Devons-nous nous en remettre à la chance pour éviter d’être l’objet d’infractions graves ou de représailles dans ce quartier ?

Un riverain en colère

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Gabriel SERVILLE

Député de la Guyane

Secrétaire du Bureau de l’Assemblée Nationale

Membre de la commission DDAT

Cayenne, le 13 Septembre 2018

OBJET : Soutien suite menaces de mort

Maître Robo-Cassilde,

Par la présente, je tiens à vous faire part de ma profonde stupéfaction quant au manque de considération manifesté à votre égard suite à l’action que vous avez engagée en vue de porter plainte contre ceux des squatters de la rue Madame Payé qui vous ont menacée de mort.

Cette situation est totalement inacceptable et mérite d’être considérée avec notre plus grand sérieux, tant elle me parait se situer aux antipodes des valeurs et des principes que nous défendons et qui, jusqu’à ce jour, ont permis à la Guyane de se positionner par-dessus l’intolérance et l’irrespect dont personne n’ignore les conséquences dramatiques sur la cohésion de notre société.

Pourtant, cela fait des années que nous militons pour donner tout son sens à l’article 3 de la déclaration universelle des droits de l’homme qui dispose que tout citoyen a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne. Or, plutôt que de changer de camp, nous avons le fort désagréable sentiment que la peur s’installe du côté des honnêtes citoyens qui s’acquittent de leurs obligations à l’égard de la société.

Ceci est d’autant plus inquiétant que dans une société qui se respecte il n’est pas sain que de si nombreux actes portant atteinte à nos libertés fondamentales ne soient pas réprimés avec la sévérité nécessaire, laissant croire par conséquent que nous serions dans un état de non-droit…

C’est pourquoi ne pouvant les tolérer, je condamne sans réserve et avec la plus grande fermeté les menaces exercées à votre encontre par ces individus sans vergogne.

Il me parait plus que nécessaire de tout mettre en œuvre collectivement afin que notre société retrouve la paix et la solidarité qui demeurent les piliers de la construction du vivre ensemble.

Sachez qu’en de telles circonstances vous pouvez compter sur mon total soutien.

Avec mes respectueuses salutations.

Maître Magali ROBO-CASSILDE

Avocat au barreau de Cayenne

82, rue Madame Payé

97300 Cayenne