Avignon 2018 : « Cyclone » de Michèle Césaire, m.e.s. de William Mesguich (Off)

Un couple domino. Elle antillaise. Lui métro. Ils vivent à Paris.Ils se sont aimés il y a vingt ans de cela. Lui était photographe, elle comédienne. Artistes sur le retour ils sont aujourd’hui dans une indifférence parfois polie, parfois pleine d’aigreurs, dans une quotidienneté qui tue toute velléité de différenciation. Il ne la désire plus vraiment. Il végète dans un petit journal avec un boulot qu’il exècre et qui lui renvoie l’image dévalorisée de ce qu’il st devenu. Il peut rester des heures et des jours à ne rien faire. Il picole un peu. Elle, elle a encore des rêves d’accomplissement théâtral, sans trop y croire. Le lien qui les tient est celui d’une complicité passée. Ils cherchent leur bien dans l’ombre de leurs souvenirs. Morts à leurs désirs ils semblent survivre. Relation en miroirs dans sa dimension mortifère que viendra sauvée l’irruption d’un tiers. Michèle Césaire ne recompose pas pour autant un «Théorème» pasolinien, ni même la sempiternelle triangulation amoureuse. Elle fait de l’irruption d’un troisième artiste, peintre celui-là, le vecteur d’une recomposition, d’une renaissance dans le domaine des arts. Le rapport d’amitié amoureuse entre la comédienne et le peintre suscite dans un premier temps la jalousie agressive du photographe avant de connaître un dépassement, ou plus exactement de permettre, une réactivation des désirs artistiques.

Un autre dimension du texte porte sur la confrontation d’univers culturels différents entre Clara l’antillaise, Horace le métropolitain et Antoine le jeune maghrébin à laquelle se superpose des oppositions générationnelles. « Cyclone » présente un melting-pot porteurs de confrontations et d’explosions en gésine.

La mise en scène de William Mesguich, un habitué de la scène martiniquaise, est en deçà des potentialités du texte et les comédiens semblent un peu livrés à eux-mêmes et c’est bien dommage.

R.S.

Metteur en scène : William Mesguich
Interprète(s) : Jean-Bernard Ekam-Dick, Odile Pedro Leal, Thierry Ragueneau

Théâtre du Rampart

Festival d’Avignon 2018