18 juillet, à 18 heures, à Un Œuf
— Par Géraldine de Thoré, membre de Culture Égalité —
Lundi 9 juillet a eu lieu au Cénacle un débat sur « le harcèlement de rue ». Le sujet polémique, mais intéressant touche à notre conception des relations à l’autre et plus précisément aux rapports entre les sexes. Malheureusement, il a été très rapidement escamoté.
D’abord par la journaliste et essayiste Peggy Sastre. Selon elle, le vrai sujet est les violences subies par les femmes dans le cercle familial et la diminution des violences sexistes en général, le harcèlement de rue étant une création des féministes radicales et non une réalité. Son attaque en règle des positions féministes sur ledit harcèlement a donc interdit d’aborder un sujet devenu nul et non avenu. Ensuite, par la psychiatre et psychanalyste Jeanne Wiltord qui explique le passage en quelques décennies du « simple pssit » à la violence verbale et sexuelle par le fait que notre société coloniale a privé les colonisé·es de « parole », fragilisant les hommes dans leur virilité, c’est-à-dire dans « leur capacité à parler en leur nom propre ». Les Martiniquais·es éprouveraient donc de la « difficulté à faire confiance à la parole » et lui préférait le « passage à l’acte ». Le propos de Madame Wiltord s’articulait exclusivement autour de l’héritage traumatique de l’esclavage, du colonialisme et de son poids dans la construction mentale des Martiniquais. Ainsi, la pertinence de l’analyse freudienne ou lacanienne sur les traumas spécifiques aux mâles antillais a été débattue alors que la question d’une dame sur l’impact psychologique du harcèlement de rue sur les femmes est restée sans réponse, le ressenti des femmes n’étant pas l’objet.
Pourtant, le sujet soulève beaucoup de questions. En voici quelques-unes qui n’ont pas été abordées.
Le harcèlement de rue est-il un débat futile comparé aux violences sexuelles que subissent les femmes ? En d’autres termes, n’y a t-il pas de lien entre les deux phénomènes ou bien parler de l’un ne serait-il pas aussi parler de l’autre ?
Peut-on qualifier de harcèlement un propos qui n’est ni insultant, ni obscène ? Ce qui équivaut à questionner ce qui fonde un harcèlement. Est-ce l’intention de celui qui parle ou le ressenti de celle qui entend ? Est-ce la répétition ?
Le harcèlement de rue en Martinique serait-il « culturel » ou une manifestation de la domination masculine…ou les deux ?
Le harcèlement de rue serait-il majoritairement le fait d’hommes jeunes, désœuvrés, socialement marginaux ou transcende-t-il l’âge et les classes sociales ? Et si oui, pourquoi ?
Le harcèlement de rue a t-il un impact sur le comportement des femmes dans l’espace public ?
Réprimer légalement le harcèlement de rue, est-ce faisable, réaliste, souhaitable ?
Et enfin, quelles solutions pour des rapports femmes-hommes apaisés et harmonieux ?
Parce que nous aimerions bien entendre l’opinion des Martiniquai·es sur le harcèlement de rue en Martinique, nous donnons rendez-vous le 18 juillet, à 18 heures, à Un Œuf, 19 rue Garnier Pagès, à Fort-de-France à tout·es celles et ceux qui souhaitent débattre de ce sujet dans une ambiance de respect mutuel et d’écoute bienveillante.
Géraldine de Thoré, membre de Culture Égalité