Jusqu’au 30 juin 2018 à Tropiques-Atrium
— Par Christian Antourel —
On connait la peinture de Jaqueline Fabien, puissamment, noblement , voluptueusement engagée pour témoigner de l’homme dans ses douleurs comme dans sa beauté. La beauté, ici est celle du corps humain et du paysage qui s’étend alentour, celle qui sous-tend une pureté spirituelle et une élégance native dans le rapport au monde. Son travail est porteur d’un fort message de joie, d’espoir, d’amour de la vie.
Après la tempête, l’anéantissement. Exalter la vie, rien d’autre ! Ne pas s’affoler, ne pas se troubler, ne pas perdre ses esprits et son chemin. Avoir un objectif une idée fixe. Ne pas abandonner, ne pas lâcher. Née à la Martinique, désormais elle trouve son nord dans le Finistère. Elle en sait beaucoup sur la façon de retrouver le bonheur de vivre….par la peinture et l’art vivant. Ces œuvres témoignent de l’engagement spirituel d’une artiste éprise de silence et de réflexion. Elle poursuit ainsi sa quête, quotidienne et obsessionnelle d’une beauté différente, mise en scène qui renvoie le spectateur à sa propre étrangeté. Elle glane, classe, ordonne et remélange. Recueille en tous lieux rivages maritimes, dans l’eau et son surgissement, dans la ville, des bribes qu’elle peut inclure dans son travail. Regarder récupérer transformer, œil et mains sensibles aux impressions de nouveaux rapports. Dans son œuvre elle déambule dans le passage ouvert de sa narration, courtise son espace intimiste et aéré, le fortifie en volonté, il devient une hypothèse thérapeutique vers la renaissance, pour aller à la rencontre de l’autre. C’est ainsi que le geste créateur ne se livre plus dans l’addiction, une marque, une trace, un don de soi au monde. Mais dans le prélèvement des choses dans leur soustraction à l’environnement. Ramasser c’est nier la verticalité pour rassembler de soi, pieds, tête, et mains. Créer ce serait d’abord ce possible repli sur soi même, un acte où le mouvement et la vision s’entendent sur un même plan. Ce désir de l’être de se dissoudre dans son environnement, et de confondre perceptions et pensées.
« Jamais le paysage n’est qu’une image,
il palpite, il parle »
Cette exposition réunit une quarantaine de peintures, des objets textiles brodés de perles « Les rivières »Un vidéo -poème intitulé « Le lit de mes rivières » Une installation comprenant des œuvres pastiques planes et en volume, des vidéos, un enregistrement sonore sur une histoire inédite, son titre est « Conte du petit roi déchu .» L’artiste précise « C’est une enclave au sein de l’exposition, une invention poétique, autour de la disparition, du chagrin, de l’au-delà, sur un mode complètement fantasmé et dénué de toute morbidité. »L’impression tourbillonnante et envoutante qui émane des toiles de Jacqueline Fabien, n’est pas seulement due au foisonnement des couleurs et au fourmillement des sujets qu’elle tente de capter avec toute l’intensité émotionnelle dont elle est capable. Son approche picturale va, en effet, au-delà d’une esthétique flamboyante et séduisante. Elle cherche à fondre toutes les images qui s’imposent à elle dans leur multiplicité, afin de parvenir à une symbiose harmonieuse représentative, une vision universelle. Dans son désir de saisir l’indicible, elle tente des aventures graphiques variées , issues de la réalité, ou observées à l’aide de son télescope quand elle contemple émerveillée le cosmos d’une vie en devenir. Par ailleurs elle statufie ses modèles humains comme s’il se mouvaient dans une quatrième dimension, et ainsi échappaient au temps . Les transparences surgies qu’elle obtient en superposant certains plans de lecture favorisent sa volonté de créer un nouveau monde à sa façon qui cherche à exprimer un art où la poésie, ses rêves et ses qualités plastiques s’uniraient dans une même complicité.
En pratique
A Tropiques Atrium
Galerie André Arsenec
Du 15 mai au 30 juin
Entrée gratuite
Contact : 05 96 70 79 29
Christian Antourel