Piano kon sa ékri : du piano autant que vous en voudrez ! N’est-ce pas le cas quand quatre jeunes femmes habiles se succèdent sur les touches de deux pianos, tantôt une, tantôt deux et même toutes les quatre ensemble – deux sur chaque piano – pour le bouquet final ? Il y avait donc la Japonaise, Yayoi Ikawa, la plus expérimentée, la plus titrée. La Cubaine, Janysett McPherson, la plus belle présence, aussi à l’aise en français qu’en espagnol, qui sait enflammer une salle. La Martiniquaise, Florat Sicot, la plus riche voix des quatre quand elle chante le blues. Enfin la Réunionnaise, Valérie Chane-Tef complétait le quatuor.
Elles étaient soutenues par une section rythmique de trois musiciens – Alex Bernard à la basse, Dominique Bougrainville à la batterie et Alain Dracius aux congas, trois musiciens martiniquais qui ont noué une vraie complicité avec les pianistes, lesquelles ont d’ailleurs joué certaines de leurs compositions.
Nul ne s’étonnera, connaissant notre préférence pour le piano solo, si nous détachons du lot le morceau dans lequel Y. Ikawa s’est produite seule, sans accompagnement rythmique. C’était merveille que d’observer la gracile pianiste aux doigts de fée non seulement jouer du mais plus encore avec, parfois tout contre le beau Steinway de la scène nationale, dans l’interprétation d’un morceau qui mettait sa virtuosité en valeur.
Le reste du concert était d’une tonalité différente, enchaînant des musiques plus faciles, J. McPherson prenant la vedette dans les morceaux où elle chantait en espagnol sur des rythmes cubains. Il y en avait donc pour tous les goûts et le public a apprécié, même si, de notre point de vue, l’affiche était déséquilibrée au détriment d’un piano-jazz plus pur.
Tropiques-Atrium, 8 juin 2018.