Ce titre évocateur est pourtant trompeur. Faubert Bolivar raconte dans ce recueil composé en deux parties certaines des femmes qu’il a aimées mais aussi les lieux, ces maisons fermées, dans lesquels il a trouvé l’inspiration (et pas, comme on pourrait l’imaginer, des maisons closes, avec leurs filles de joie). Le style de Faubert Bolivar se rapproche de celui des surréalistes. Sa poésie, parfois érotique, est empreinte d’images fortes et puissantes. On y retrouve un univers proche de celui de Boris Vian ou des références à Paul Éluard. » Faubert Bolivar n’a pas peur des mots, on le voit, ni des images insolites. Sa fantaisie langagière nous convie à d’étranges fantasmes, comme dans les deux bouts de poèmes précédents qui le rapprochent, quant au fond, de Rabelais, de Jarry ou de Swift. » (article de Michel Herland publié par Mondes Francophones).
Pourtant/Tu as des phases/qui vont en mer/comme les îles que je tutoie/baisent/dans ma bouche
Je t’aurais commise/comme un grand crime
.Dans la première partie, « Marelle », l’auteur rend hommage à l’amour. Un amour sensuel et mystique. Douleur d’aimer ou plaisir charnel, diffculté d’aimer ou parfois aussi l’amour comme jouissance extrême. Faubert emploie beaucoup d’images surréalistes. Mémoire des maisons closes est un recueil que l’on peut lire d’une traite, sans pause, tant la langue et le rythme nous emportent. C’est une nouvelle voix de la poésie haïtienne que l’on découvre dans Mémoire des maisons closes.
À Port-de-Paix, je t’ai aimée avec un cœur, plein de poussière, je t’ai aimée avec des mots, qui
ne savent pas dire la vérité
Je passerais la nuit/recroquevillé sous tes aisselles/à faire l’amour avec ton corps/à souhaiter qu’au
petit matin/les bossus baissent leurs bosses
Dans la deuxième partie, « Alphabet », le poète exprime son attachement à son île natale dans une suite de poèmes aux contraintes oulipiennes. Chaque lettre de l’alphabet est prétexte à l’écriture d’un poème sur un seul et même sujet : Haïti. Haïti aimée, chérie, mais aussi Haïti source de douleur, de tourments, ou encore Haïti et ses tremblements, tremblements de terre ou politiques. Un hommage complexe et loin des images d’Épinal.« Mémoire des maisons closes, poèmes “écrits à deux mains” et “en travers de la gorge” nous dit l’auteur. Pour sûr, poèmes à lire à voix basse dans l’intimité de la nuit pour essayer de rendre la vie habitable sur un bout de terre emblématique, toujours à redéfinir. » (Georges Castera). Si Faubert Bolivar n’est pas encore connu du grand public, avec la parution de Mémoire des maisons closes, une nouvelle voix de la poésie haïtienne va se faire entendre. Différente de celle de ses contemporains, elle saura toucher un large lectorat car c’est une poésie plurielle et sensuelle.
À propos de l’auteur
Poète et dramaturge, Faubert Bolivar est toujours attentif et sensible aux épineux problèmes de son pays (Haïti) qu’il évoque avec ironie et provocation. Il est l’auteur de différents textes de théâtre : Sélune pour tous les noms de la terre (2011), Mon ami Pyéro/Mon ami Pierrot (Éditions Passages, Libres courts au Tarmac), traduit en français en résidence aux Francophonies en Limousin (2015), La Flambeau, satire sociale (Éditions Deschamps en Haïti)… En 2016, il publie le recueil de poésie Une Pierre est tombée, un homme est passé par là. Sa pièce Les Revenants de l’impossible amour a reçu le prix Textes en paroles en 2017 pour le meilleur texte dramatique.
Caractéristiques
- Pages : 80
- Langue : Français
- ISBN : 9782370711458
- Dimensions : 120×170 mm
- Date de sortie : 24 mai 2018
Source : Le Temps des Cerises