Du mardi 22 au dimanche 27 mai 2018 à La maison des Métallos
d’après le livre de Younes Amrani et Stéphane Beaud (éditions La Découverte)
conception, adaptation et mise en scène Charlotte Le Bras
assistante à la mise en scène Caroline Lerda
avec Karim Abdelaziz, Hakim Djaziri, Agathe Fredonnet, Caroline Lerda et Charlotte Le Bras
création et régie lumières Nathan Teulade
chorégraphie Sylvie Troivaux (Kafando)
construction structure bois Étienne Meunier
PRÉSENTATION DU SPECTACLE
En 2002, Younes Amrani, 28 ans, emploi jeune dans une bibliothèque, lit l’ouvrage du sociologue Stéphane Beaud 80% au bac… et après. Lecture qui le mène à une réflexion sur son propre parcours. Il décide alors d’écrire au chercheur en sociologie. Commence une correspondance qui durera deux ans et qui permettra à Younes de mettre en mots sa réalité, une souffrance sociale peu souvent décrite et médiatisée. C’est cette correspondance, cette réflexion sur un état de la jeunesse que la compagnie Les Papavéracées met en scène. Deux comédiens et une comédienne se font la voix de Younes, et à travers lui d’une frange de la population souvent montrée sous un angle peu favorable. Les tiraillements quotidiens de Younes, ses doutes, ses colères, ses réussites, ses contraintes, ses obstacles, sa volonté, son acharnement, ce sont ceux de toute une génération d’enfants d’émigrés / immigrés, « enfants illégitimes » d’une France « pays de malheur », qui refuse de leur faire une place. Le portrait d’une jeunesse bien loin des clichés.
NOTE D’INTENTION
Pays de malheur ! n’a pas du tout été écrit ou pensé pour le théâtre ou la littérature. L’ambition première de ce livre, c’est de dire une vérité sociale peu souvent décrite ou médiatisée. En tant que metteuse en scène, cette visée, je la porte et j’en suis la garante. Et dans le même temps, face à cette écriture inédite, je dois inventer un langage théâtral original et sensible, à la hauteur de ce que Younes et Stéphane ont accompli avec Pays de malheur !
Dans la mise en scène, cela implique la recherche d’une simplicité radicale. L’hypothèse de travail, c’est le choeur théâtral comme dispositif central – ce qui permet de reposer certaines
« questions » sur les rapports au jeu, au texte, au temps théâtral, au public, à l’émotion. Le choeur peut être à la fois acteur et personnage, instrument d’une écriture scénique très précise et instrument d’une écriture au présent, constructeur et passeur de l’émotion théâtrale et espace de projection, d’identification et de critique entre catharsis et distanciation.
Concrètement, nous travaillons sur un choeur de cinq acteurs qui se détache pour prendre en charge les différentes partitions. Le coryphée (interprété par la metteuse en scène) intervient lors du prologue et d’une parenthèse. Ces interventions mettent en jeu la relation que nous avons avec le public et la réflexivité que nous tentons d’avoir dans le travail. Le rôle de Stéphane est pris en charge par l’assistante à la mise en scène. Nous travaillons les analogies entre les métiers de sociologue et de metteur en scène. Notamment dans la « maïeutique » (faire « accoucher » l’enquêté ou l’acteur), le positionnement (être dedans et dehors à la fois) et l’importance du regard (déplacer son regard et celui des autres pour voir et faire voir les choses autrement). La partition de Younes est prise en charge par un choeur de trois acteurs : c’est ce qui permet de traduire théâtralement la visée politique de Younes Amrani (ne pas réduire son histoire à un individu mais bien à une situation sociale collective) et sa démarche (un acte d’écriture et de témoignage qu’il ne pouvait faire que seul). Par sa composition (trois, c’est le plus petit choeur possible), le choeur de Younes a une grande fragilité et une grande puissance – ce qui permet, je crois, de porter la parole de Younes dans ce qu’elle a de profondément singulier et de profondément commun.
Charlotte Le Bras
La maison des Métallos
94, rue Jean-Pierre Timbaud – 75011 Paris
Métro Couronnes ou Parmentier – Bus 96
www.maisondesmetallos.paris
Réservation 01 47 00 25 20