Le nom carême provient de la contraction du mot latin quadragesima, qui signifie « quarantième ». On appelle aussi le carême la Sainte Quarantaine. La durée de quarante jours commémore à la fois les quarante jours et quarante nuits du jeûne de Moïse avant la remise des Tables de la Loi et les quarante jours de la tentation du Christ dans le désert entre son baptême et le début de sa vie publique, lors desquels il fut tenté par Satan, d’après les Évangiles synoptiques.
La pratique du carême remonte au IVe siècle. Les jours qui ont précédé la pâque et la mort de Jésus, ni Jésus ni ses disciples n’ont jeûné. Les récits des Évangiles indiquent qu’à Béthanie, seulement quelques jours avant sa mort, ses disciples et lui se sont rendus chez des gens, où ils ont pris des repas. Jésus a en outre mangé le repas de la Pâque la nuit précédant sa mort. — Matthieu 26:6, 7 ; Luc 22:15 ; Jean 12:2. C’est durant le Concile de Laodicée (348? – 381?) que fut prescrite la xérophagie, c’est-à-dire l’usage exclusif du pain et des fruits secs pendant le temps qui correspondait au carême.
Au VIIe siècle, le carême fut établi dans son calendrier actuel. À cette époque, le jeûne consistait à ne prendre qu’un repas quotidien en fin de journée et à s’abstenir de toute nourriture les jours du Vendredi et du Samedi saints.
[réf. nécessaire]Une justification de l’intérêt du carême est de considérer qu’il donnait aux populations de l’époque une bonne raison d’endurer les derniers mois de l’hiver, où les réserves en nourriture étaient au plus bas. La privation collective permettait d’atteindre le printemps sans passer par une famine.
Dans le rite latin, les trois dimanches précédant le carême — la Septuagésime, la Sexagésime et la Quinquagésime — étaient eux-mêmes inclus dans la préparation de Pâques. Cependant, les prescriptions de jeûne se relâchèrent très vite et, dès le XIIIe siècle, le repas de midi était autorisé et complété d’une collation le soir.
Une présentation plus complexe sur les origines et l’histoire du carême se trouve sur la page Année liturgique du rite de Jérusalem.
Carême des Églises d’Orient
Selon l’un des plus importants théologiens orthodoxes, Alexandre Schmemann : « avant tout le carême est un voyage spirituel et sa destination est Pâques4 ». L’importance et la rigueur du carême dans l’Église orthodoxe est à la mesure de l’importance qu’elle porte à la fête de Pâques5. C’est en effet lors de la fête de Pâques que se rassemble le plus grand nombre de fidèles dans les pays de tradition orientale (orthodoxes et catholiques de rite byzantin) ; c’est parfois, bien plus qu’à Noël (contrairement aux pays occidentaux de tradition catholique romaine), le seul jour de fête où viennent même ceux qui ne pratiquent pas habituellement.
Article détaillé : Carême du rite byzantin.
Le carême des Églises d’Orient de rite byzantin est précédé d’une période de préparation appelée Petit Carême qui se termine par le Carnaval. Le carême proprement dit, appelé Grand Carême, commence au lendemain du dimanche de carnaval, le Lundi Pur (48 jours avant Pâques).
Carême de l’Église catholique
Article détaillé : Carême catholique.
L’Église catholique demande aux fidèles de jeûner au minimum les jours du mercredi des Cendres et du Vendredi saint. Mais la pratique réelle du jeûne est difficile à mesurer. En outre, la tradition de manger maigre — c’est-à-dire de s’abstenir de viande et de plat à base de graisse animale — le vendredi se perpétue6. Le début du carême est le mercredi des Cendres, précédé par le Mardi gras et le carnaval (du latin carnelevamen qui signifie « ôter la viande »). Les catholiques sont invités également à marquer le Carême en se privant d’une chose qu’ils aiment, pas nécessairement de la nourriture.
Carême dans les Églises protestantes
Article détaillé : Carême protestant.
Les églises réformées n’imposent pas de pratiques de pénitence ou de jeûne, l’insistance porte durant cette période sur la prédication et la méditation. Si dans le luthéranisme on trouve parfois la recommandation de l’abstention de viande le Vendredi saint, le protestantisme n’est pas directif, aucune consigne particulière n’ayant été laissée par les Apôtres.
Cette absence d’ascèse particulière, de mortification ou de repentance, provient de la sotériologie différente entre le catholicisme et les spiritualités issues de la Réforme. Pour les protestants, le salut s’obtient par la foi seule sola fide en sorte qu’il n’est pas besoin d’accomplir des œuvres de pénitence en vue d’obtenir le salut.
Isabelle Fievet, ancien aumônier protestant à la prison pour femmes de Rennes et épouse de Didier Fievet, pasteur de l’Église réformée, lors d’une conférences de carême sur France Culture rappelle : « Le Carême ne se vit pas en général chez les protestants pour la bonne raison que, la grâce de Dieu étant gratuite, une préparation à Pâques qui passe par des privations ou autres pratiques méritoires ne se justifie pas. C’est même inconcevable pour nous. »
Carême-Prenant et Mi-Carême
Article détaillé : Mardi Gras.
Les quelques jours qui précèdent le carême sont fêtés par des carnavals dans certaines traditions. Ces carnavals trouvent leur origine dans des célébrations païennes et sont perçus comme la dernière occasion de faire bombance avant la période de jeûne. Ils peuvent s’étaler sur une période de plusieurs jours, qu’on appelait Carême-Prenant, mais le mardi de Carême-Prenant, c’est-à-dire le Mardi Gras, est en général le jour où le carnaval bat son plein.
La Mi-Carême est fêtée le jeudi de la troisième semaine entière des quarante jours de pénitence.
Le Combat de Carnaval et Carême, Pieter Brueghel l’Ancien (1559)
Source ; Wikipedia