Le 24 mai 2017 McDonald’s Corporation [… a tenu ] son assemblée générale aux Etats-Unis. Le géant mondial du burger a vu son bénéfice net augmenter de 3,47 % en 2016, pour atteindre 4,69 milliards de dollars (4,16 milliards d’euros). Ses actionnaires, qui ont perçu 30 milliards de dollars de dividendes en trois ans, peuvent se réjouir. Ses salariés, beaucoup moins.
Avec ses 73 000 employés, McDonald’s France contribue à ces résultats : près de 300 millions d’euros chaque année. Mais les « équipiers » sont mal récompensés : ceux qui servent des burgers à longueur de journée sont généralement payés au smic et ne touchent pas de primes pour le travail en soirée ou le week-end.
Une multinationale adepte du paradis fiscal luxembourgeois
L’entreprise a franchisé 80 % de ses 1 400 restaurants français. Ce qui lui permet de contourner les seuils sociaux et d’éviter de distribuer, chaque année, plus de 40 millions d’euros de primes de participation des salariés aux résultats. Le montant non versé équivaut à 969 euros par salarié travaillant vingt-quatre heures par semaine. Les franchises sont aussi au cœur de sa stratégie d’évasion fiscale.
La multinationale est adepte du paradis fiscal luxembourgeois pour ne pas avoir à payer ses impôts dans les pays où elle exerce ses activités. Ces dernières années, les restaurants franchisés ont envoyé jusqu’à 24 % de leur chiffre d’affaires à la holding luxembourgeoise de la multinationale. Ainsi, 75 à 120 millions d’euros échappent au Trésor public français tous les ans.
Evasion fiscale
Les mesures annoncées par Emmanuel Macron risquent d’aggraver cette situation. Le président de la République s’est engagé à baisser l’impôt sur les sociétés pour le faire passer de 33 % à 25 % « pour rejoindre la moyenne européenne », afin d’inciter les entreprises à payer leurs impôts en France. Mais des multinationales comme McDonald’s envoient leurs bénéfices dans des pays où elles peuvent négocier des taux d’imposition bien moins élevés ! Sans une lutte acharnée contre l’évasion fiscale, elles continueront. Cette nouvelle baisse d’impôts ne sera qu’un cadeau de plus et renforcera la concurrence déloyale vis-à-vis des PME et des start-up si chères au président.
En matière d’emploi, Emmanuel Macron souhaite entériner les baisses de cotisations sociales pour les entreprises. Cette recette, qui n’a jamais fait la preuve de son efficacité, revient à augmenter les bénéfices des entreprises sans leur demander de contreparties, notamment en matière d’emploi ou de rémunération. Là encore, rien ne garantit que des multinationales comme McDonald’s créeront des emplois ou revaloriseront les salaires, plutôt que d’empocher plus de bénéfices et verser plus de dividendes à leurs actionnaires.
Encore plus d’inégalités
Enfin, le président entend imposer une nouvelle loi travail par ordonnances dès cet été. Celle-ci favoriserait encore les négociations au niveau des entreprises plutôt qu’au niveau de la branche. Les salariés de McDonald’s, peu syndiqués et dont le turnover est important, devraient alors négocier leurs conditions de travail directement avec les directeurs des restaurants franchisés. Difficile de croire qu’ils pourraient y gagner. A l’inverse, cela créera encore plus d’inégalités et de concurrence entre les salariés, alors que l’actuel accord de branche offre des conditions identiques pour tous.
Pour nous, il est clair que les mesures annoncées par Emmanuel Macron ne remettront pas en cause les avantages et le pouvoir de multinationales comme McDonald’s. Il serait pourtant légitime que le nouveau gouvernement fasse en sorte que McDonald’s verse sa juste part d’impôts et paie correctement ses salariés.
Les signataires : Jacqueline Balsan (Mouvement national des chômeurs et précaires), Gilles Bombard (CGT McDonald’s Paris-IDF), Simon Cottin-Marx (ReAct), Laurent Degousée (Union syndicale Solidaires), Pauline Raufaste (Union nationale des étudiants de France), Aurélie Trouvé (Attac), sont membres du collectif « McDo passe à la caisse ! »
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