Le Prix SACD de la Quinzaine des Réalisateurs a été décerné ex-aequo à L’amant d’un jour, de Philippe Garrel, et Un beau soleil intérieur, de Claire Denis. Un signal fort pour le cinéma d’auteur français. Car la compétition était féroce. On partage ce coup de cœur pour deux longs métrages qui ont su convaincre le jury. L’amant d’un jour captive dès sa scène d’ouverture : dans les rues de Paris la nuit, une jeune femme marche en sanglotant, après avoir rompu avec son fiancé. Elle débarque avec sa valise chez son père, et lui demande de l’héberger. Elle ne tarde pas à découvrir que sa nouvelle belle-mère a son âge, 23 ans… Tourné en noir et blanc, ce drame visuellement magnifique s’interroge sur la passion amoureuse et la fidélité sans jamais porter de jugement. Il vaut pour son interprétation (Esther Garrel, la fille du réalisateur, possède un sacré charisme), sa concision ainsi que sa lucidité sur les rapports humains, non sans une certaine ironie.
Claire Denis et son casting de luxe récompensés
Un beau soleil intérieur donne aussi la part belle à une actrice, et pas n’importe laquelle : Juliette Binoche, sublimée par la caméra de Claire Denis. Qui la surprend au lit, disant à son amant de se presser parce qu’elle s’impatiente! Le ton est donné. La star se met à nu physiquement et émotionnellement dans ce portrait de femme en quête du grand amour, qui multiplie les liaisons compliquées : un homme marié et maniaque, un comédien alcoolique et inconstant, un type improbable rencontré dans une boîte de nuit… Cette chronique amère sur les désillusions de l’héroïne, vulnérable et en crise existentielle, bouleverse par la justesse de ses situations, ses dialogues percutants et la performance de Juliette Binoche. Co-écrit par Christine Angot, ce film bénéficie d’un casting impressionnant : Philippe Katerine, Josiane Balasko, Xavier Beauvois, Nicolas Duvauchelle ou encore Valeria Bruni Tedeschi. Même l’immense Gérard Depardieu, une fois de plus bluffant le temps d’une scène.