Leur nom n’est pas une marque publicitaire, un produit de marketing. Ce nom elles l’ont conquis par leur courage, leur combativité et leur talent. Dans les six derniers mois de l’année 2015 le Mali connaît une grave crise politique et militaire. Une partie du territoire est envahie et passe sous la domination d’intégristes religieux. Comme toujours dans ces périodes de crises se dévoile aux yeux de tous, loin de tout artifice, la nature du pouvoir, sa captation par la gente masculine et la domination qu’il exerce sur les femmes. Discuter de la condition féminine est hors de propos, il y a d’autres urgences ! Pensez donc ! Mettez sous le boisseau, la polygamie, l’excision, les mariages forcés etc. Dans les périodes révolutionnaires il n’y a que lors de la conquête du pouvoir que le femmes ont la possibilité de se faire entendre. Une fois le but atteint elles sont priées de rentrer dans l’ombre et de laisser toute la place à ces messieurs. La guerre de libération de l’Algérie l’illustre de façon caricaturale.
En octobre 2015 à la Fiesta des Sud, à Marseille va se produire sur scène un groupe de chanteuses d’origine sub-saharienne, qui toutes ont une solide carrière solo reconnue internationalement et qui vont dire non à l’ordre patriarcal, non au système des castes, non à l’enfermement. De configuration variable en fonction de leurs disponibilités elles se regroupent autour d’un noyau de trois chanteuses. Issues de familles de griots, les Kouyaté, Diabaté et autres Koné ou d’ascendance royale comme les Keita ou les Doumbia, ce qui dans ce cas leur interdit l’activité musicale, trop profane, elles vont braver les interdits et constituer Les Amazones d’Afrique.
Elles étaient en concert à Fort-de-France le 08 mars 2017 journée mondiale de commémoration des luttes des femmes. Elles sont accompagnées par quatre musiciens, un batteur omniprésent, deux guitaristes, mais sans bassiste, et un claviste. Pas d’instruments traditionnels d’Afrique. Sur un groove qui balance entre jazz et blues elles chantent des airs souvent traditionnels parfois modernes, revendicatifs et miracle le métissage dont on sait qu’il est l’avenir de l’humanité et donc par la force des choses de la musique opère dans toute sa beauté et sa richesse. On entend à la fois le chant ancestral, un peu nasillard dans les aigus et la rythmique très moderne un peu sourde imprimée par la batterie qui s’estompe à peine pour laisser une petite place aux guitares. Les chants commencent presque toujours par les prestations les deux choristes avant que n’interviennent la ou les vedettes de la scène. Elles sont bluffantes. Elles ont subjugué une salle, bien pleine qui il est est vrai leur était conquise par avance. L’une d’entre elles, il se dit qu’elle fût avant un AVC l’égale de l’égyptienne Oum Kalsoum, est assise sur un fauteuil, mais elle chante et ce qui lui reste de voix de force ne laisse pas de sidérer le public qui tente d’imaginer ce qu’elle était avant.. Elle est l’objet d’attentions particulières de la part de ses deux autres consœurs Babani et Rokia Koné. La sororité en actes et en paroles! Elle, elle est s’appelle Kandia Kouyaté et quand Frédéric Thaly le Monsieur Musique de Tropiques-Atrium à programmé Les Amazones d’Afrique il ne savait qu’elle était ni plus ni moins que la tante de son Directeur, Hassane Kassi Kouyaté ! Bon sang ne saurait mentir !
Suprême élégance de la soirée une rose à peine éclose était offerte à l’entrée de la salle à chacune des spectatrices. Preuves du succès de la soirée, après la fin du spectacle les conversations se sont poursuivies longtemps sur le forum et sur la place devant Tropiques-Atrium. Pour prolonger le plaisir en le partageant encore un peu.
M’A
- Les Amazones d’Afrique
- Mamani Keita, chant
- Kandia Kouyaté, chant
- Mariam Doumbia, chant
- Rokia Koné, chant
- Babani Koné, chant, invitée
- Mariam Koné, choeur
- Aminata Danté, choeur
- Mamadou Diakite, guitare
- Liam Farrell, guitare
- Llorens Barcelo Vives, clavier
- Joseph Palmer, batterie