A propos d’une entrée en force à Tropiques-Atrium
— Par Roland Sabra —
Au delà du fait divers, au-delà de la souffrance bien réelle qu’il exprime il y a raison à s’interroger sur la situation d’artiste en Martinique. La question n’est pas nouvelle. Elle ne date pas d’hier. Le musicien Alfred Varasse dit qu’elle se pose depuis plus de trente ans : qu’en est-il de la diffusion des œuvres martiniquaises ? Problème simple dans son énonciation et infiniment complexe dans sa résolution. A quoi est due la faible diffusion des œuvres ? Aux œuvres elles-mêmes ? Aux goûts du public ? Aux réseaux de distribution ? A la soi-disant absence de politique culturelle ? Suffit-il qu’une œuvre soit estampillée martiniquaise ( par qui ? pourquoi et comment?) pour qu’elle se voit dotée de subventions ? Dans le domaine du théâtre, rien que ces dix dernières années combien de créations martiniquaises ont connu un succès en dehors du territoire ? Pourquoi les distributeurs, par exemple, ne s’intéressent-ils pas à nos productions ? Dans le domaine musical, là où nos artistes ont une vraie reconnaissance, pourquoi une telle ouverture au monde ? Quel lien entre ces deux faits ? En littérature les immenses écrivains martiniquais ont-ils vu leurs mérites amoindris du peu de librairies dans l’île? Et dans les arts plastiques comment nos peintres nos sculpteurs se sont-ils faits connaître ? En privilégiant l’exposition de leur œuvres de salles des fêtes communales en kermesses paroissiales ?
Christiane Emmanuel, membre de la coalition majoritaire à la CTM et à ce titre, Présidente de Tropiques-Atrium le dit avec netteté : « On ne peut pas rester entre nous, autour de notre nombril. Il faut accueillir des propositions qui viennent de tous les pays du monde. La Martinique forte et riche en identités, certes, mais ouverte au monde ». La ligne est claire. Sa mise en œuvre brouillonne, difficile mais il faut s’y tenir. Il y a une jeune génération d’artistes talentueux antillais qui s’est déjà mésurée avec succès à la concurrence internationale. C’est sur elle qu’il faut compter.
La martiniquité d’une œuvre ne suffit pas à en faire son succès.
Fort-de-France, le 14/02/2017