À Madiana
—Par Guy Gabriel —
Réalisé par Damien Chazelle ; avec Emma Stone, Ryan Gosling, J.K. Simmons, Rosemarie DeWitt, John Legend
A Los Angeles, Mia actrice en devenir, sert des cafés entre deux auditions. De son côté, Sebastian, un passionné de jazz, joue du piano dans petit club pour assurer sa subsistance. L’un comme l’autre sont à des lieux de leurs rêves. Le destin, parfois malicieux, va réunir ces doux rêveurs ; mais cette rencontre fortuite part sur de mauvaises bases avant de tourner au coup de foudre; résistera-t-il aux aléas de la vie, à la vie trépidante de Hollywood ?
Que dire après la vision de La la land, le deuxième long métrage de Damien Chazelle, sinon que c’est un vrai bonheur ; un vrai bonheur par une mise en scène fluide au possible, et une interprétation remarquable de Ryan Gosling et de Emma Stone, surtout cette dernière, époustouflante. Damien Chazelle continue, ici, son hommage à la musique et au jazz , en particulier, après son étonnant Whi plash (déjà un hommage au jazz) , mais aussi au cinéma hollywoodien, notamment à la comédie musicale.
La la land, c’est d’abord le combat qu’il faut livrer pour réaliser ses rêves, mais aussi les affres d’une histoire d’amour impossible ; ce qui donne un film qui traite, avec efficacité et même, souvent, avec brio, de la vie quotidienne sur fond musical. Il le fait en réussissant une alchimie, à la fois entre les personnages et les différents sujets ; histoire d’amour, regard sur le cinéma et ses obstacles, notamment à Hollywood.
La la land aborde intelligemment le hiatus existant entre le désir et la réalité ; réaliser son rêve et sauver son histoire d’amour. Pour cela Chazelle navigue brillamment entre numéros de danse qui lorgnent aussi bien vers Chantons sous la pluie ou Un américain à Paris, sans oublier Les Parapluies de Cherbourg et les belles histoires d’amour hollywoodiennes d’antan, ce qui donne un film en forme de multiples clins d’œil ; voir à ce sujet, cette belle séquence dans l’Observatoire, superbe hommage à La fureur de vivre de Nicholas Ray, magnifiée par les inoubliables James Dean et Nathalie Wood.
Le film, malgré ce qui semble être une série de fausses-pistes, sait bien se resserrer sur l’histoire d’amour qui passe d’un ton à son contraire au fil de l’évolution de leur situation professionnelle, parce que cette évolution est contrebalancée par des désillusions amoureuses ; cette contradiction symbolisée par la réplique un rien désabusée de Sébastien : « Tu m’aimais mieux quand je galérais, parce que ça te rassurait ».
Une belle et troublante histoire d’amour qui donne des variations chorégraphiques époustouflantes, symbole de l’envol d’un côté, de la chute de l’autre. On retrouve, avec Chazelle, le brio de duos comme Gene Kelly-Debbie Reynold ou Cyd Charisse ou encore Fred Astaire-Cyd Charisse ou Ginger Rodgers, un Chazelle qui ne perd pas pour autant son âme.
La la land trouve à tout moment un juste équilibre entre l’histoire d’amour et l’hommage au jazz et au cinéma, celui d’Hollywood, un rien arrogant, qui fait et défait les talents (voir les entretiens de Mia). Alors chef d’œuvre ou nanar comme beaucoup se le sont demandés ? Ni l’un, ni l’autre, simplement un excellent film qui domine l’exercice de style pour donner libre cours à l’amour du cinéma. A voir et revoir.
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