Les stéréotypes garçons-filles s’imposent dès la crèche

— Judith Duportail —

L’Inspection générale des affaires sociales (Igas) a remis ce jeudi un rapport à Najat Vallaud-Belkacem qui explique qu’avant 3 ans, les enfants sont déjà assignés à des rôles en fonction de leur sexe.

Jolies princesses contre superhéros. Dès la crèche, les enfants sont incités à se conduire en fonction des stéréotypes sexués, selon un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) remis ce jeudi à la ministre du Droit des femmes, Najat Vallaud-Belkacem. Les jouets proposés aux enfants, les compliments différents qui leur sont faits, les attitudes qu’on leur demande d’adopter sont autant d’incitations invisibles, expliquent les auteurs, qui s’étaient vus chargés de cette mission par la ministre il y a trois mois. Najat Vallaud-Belkacem va maintenant «étudier avec attention» ce rapport avant de prendre d’éventuelles décisions.

A partir des observations menées, les auteurs ont constaté que “les petites filles sont moins stimulées, moins encouragées dans les activités collectives tandis que leur apparence est davantage l’objet des attentions des adultes”. A l’inverse, «les préoccupations pour les activités physiques sont plus prononcées quand il s’agit des garçons». Au cours des échanges verbaux, «les professionnels interrompent plus fréquemment les filles que les garçons», relève aussi cette enquête. Les jouets utilisés renvoient également à «un monde binaire». Ainsi, ceux des garçons sont «plus nombreux et diversifiés que ceux des filles et sont associés à l’extérieur», alors que ceux des filles «sont plus limités en nombre» et «souvent réduits au champ des activités domestiques et maternelles». Ces jouets renvoient à des compétences différentes: plutôt verbales pour les filles, plutôt mathématiques et scientifiques pour les garçons.

    «Les filles sont plus fréquemment interrompues»
    Les auteurs du rapport de l’Igas

Les stéréotypes sont aussi présents dans la littérature enfantine: ainsi, sur 78% des couvertures de livres pour enfants figure un personnage masculin, peu décrit par un attribut de genre (comme la barbe ou une casquette). A l’inverse, les personnages féminins «ne sont décrits qu’à l’aide d’attributs considérés comme propres à leur sexe» (vêtements, éléments de coiffure…)
Une formation antisexiste n’avait rencontré aucun succès

Pour «une éducation à l’égalité entre les filles et les garçons dès la naissance», les auteurs du rapport font une série de recommandations, comme l’élaboration d’un kit de sensibilisation pour l’ensemble des crèches ou l’intégration dans les formations des personnels de la petite enfance d’un enseignement spécifique sur le sujet. Une telle formation, intitulée «pour une éducation non sexiste» existait déjà en Ile-de-France, mais a été supprimée faute d’inscription, indique Libération .

Les auteurs préconisent également l’ouverture d’autres crèches expérimentales sur le modèle de celle mise en place à Saint-Ouen, indique Libération. Le personnel encadrant de cette crèche veille spécifiquement à prodiguer une éducation neutre, en initiant par exemple aussi bien les filles que les garçons au bricolage. Un mode de fonctionnement inspiré de la Suède, où dans certaines crèches plus aucune référence masculine ou féminine n’est autorisée. Plus de petits garçons ou de petites filles, mais rien que des «amis».

http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2013/03/28/01016-20130328ARTFIG00459-les-stereotypes-garcons-filles-s-imposent-des-la-creche.php