Le navigateur pourrait bousculer la publicité sur le web en bloquant l’installation de « cookies » tiers. Une bonne nouvelle pour Google…
La fondation Mozilla, éditrice du navigateur web Firefox, va-t-elle révolutionner internet ? La polémique enfle après la présentation d’une nouvelle version promettant de mieux garantir la vie privée des internautes, au détriment de la publicité en ligne. Le modèle économique du web s’en trouverait bouleversé… au profit de Google, selon certains détracteurs.
Fin février, la fondation a annoncé développer une nouvelle option pour Firefox qui bloquera les « cookies » tiers, ces petits fichiers de navigation créés lors de la navigation qui permettent d’identifier l’internaute et de suivre son activité. Ces « cookies » sont largement utilisés par les publicitaires : par exemple, lorsque l’internaute visite un site de vente de vêtements, il se verra proposer par la suite des publicités ciblées sur des offres de vêtements similaires.
Ces « cookies » sont créés à la fois par les sites visités directement, mais aussi par des sites « tiers » dont le contenu n’apparaît pas sur la page web (les annonceurs du site ou les outils de statistiques par exemple). Ce sont ces derniers que Firefox veut bloquer. Pour qu’un cookie soit déposé sur l’ordinateur, il faudrait que l’internaute « interagisse directement avec un site ou une entreprise ».
« Une frappe nucléaire contre l’industrie de la publicité »
« Un nombre croissant d’entreprises traquant les internautes et une demande forte des utilisateurs pour plus de contrôle nous ont décidé à avancer sur cette modification », explique Mozilla. « Nous avons la responsabilité de créer des fonctions et des contrôles qui alignent les attentes des utilisateurs avec le fonctionnement du web. »
L’initiative n’est pas du goût des annonceurs et des agences de pub. « Cette mesure, si elle voyait le jour, risquerait d’avoir un impact sur les revenus publicitaires […] et à terme de remettre en cause la gratuité de certains services offerts aux utilisateurs », déplore l’Association des services internet communautaires (ASIC). Le vice-président de l’Internet Advertising Bureau (IAB), Mike Zaneis, évoque lui « une frappe nucléaire contre l’industrie de la publicité ». « Cette décision menace tout un secteur économique [et au final] portant atteinte aux intérêts des consommateurs », renchérit IAB France.
Le modèle gratuit du web financé par la publicité serait-il vécu ? « Nous ne cherchons pas à tuer la publicité sur internet », rétorque sur « Télérama » Tristan Nitot, porte-parole de Mozilla. « Nous ne sommes pas des extrémistes du Net ! »
Interrogée, Mozilla rappelle que cette fonctionnalité n’est qu' »au stade de test » et ne sera pas disponible dans la prochaine version, mais ultérieurement. « Nous n’avons aucune intention de nuire aux petites entreprises ou à l’expérience en ligne des internautes », se justifie la fondation. De plus, « Mozilla n’est pas le premier à proposer cette fonctionnalité. Depuis des années, le navigateur Safari d’Apple utilise cette option. »
La mainmise de Google ?
En coulisses, certains voient aussi dans l’initiative de Mozilla la mainmise de Google. La fondation s’avère ultra-dépendante du financement du géant du net. Contre une mise en avant du moteur de recherche, Google verse des commissions à Firefox qui montent jusqu’à 84% des revenus de la fondation.