— Par Christian Antourel —
Claude Cauquil est originaire d’un sud de la France où la religion est une seconde nature. C’est une sorte de contrée, foyer de l’église, de l’imaginaire et du merveilleux : rencontre des croyances du temps de sa jeunesse… et aujourd’hui des pratiques religieuses populaires de la Martinique. Comme si la Rome antique perçait sous la ville, on eût dit que Claude nous a ramené des trésors cachés des restes d’une église paléo chrétienne enfouie par les siècles sous la cathédrale Saint-Font La magie n’a rien perdu de son souffle.
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Cette exposition est une offrande. Où que le regard se porte, on se sent pris dans les strates du temps, toujours visibles. L’accrochage comme en lévitation quasi mystique, relève d’une intention poétique. Vouloir trouver sans cesse les images d’un classicisme exubérant. L’endroit crée la surprise, près des ’icônes dorées, des madones à la mantille qui n’en finissent pas de sécher leurs pleurs, images pieuses ou images saintes et autres images inventées, là où émotions spirituelles, philosophiques, artistiques se mêlent pour créer ce maelström de créations diverses Il faut simplement poser les yeux sur l’œuvre de Claude Cauquil. pour faire le voyage des réminiscences de son enfance à cette exposition qu’il à voulue une relecture des classiques, « un travail sur des personnes disparues que l’on a pu connaitre : » « une mémoire réactivée par l’art de l’artiste avec, des émotions par la mémoire »
Une alchimie de la matière
D’après Sophie Ravion-d’ingianni- Docteur en Sciences de l’Art et esthétique « L’expérience et la grande habileté de Claude à maitriser les différents sujets et diverses techniques, lui permettent aujourd’hui de nous présenter des œuvres hétéroclites- ce terme est loin d’être péjoratif- mais il définit l’ensemble du travail de l’artiste, qui traite les différents supports qu’il utilise. La toile, mais aussi le papier qu’il transforme, froisse et puis repasse, trempe dans des décoctions de café, de thé ou de brou de noix… Toute une alchimie qui lui est personnelle, mais sur le plan pratique et plastique est d’un grand intérêt pour donner à ses représentations l’idée du temps qui passe, de l’usure ou du souvenir. La forme et le fond s’unissent pour livrer un message et cela est la qualité du travail et de l’œuvre d’un grand artiste.
Nous aurons un regard attentif sur ses peintures, représentées comme des sculptures, sur pieds en forme de tondo, c’est-à-dire des toiles rondes, circulaires comme certains artistes les réalisaient à la Renaissance en Italie, format repris par le peintre Ingres au XIXème siècle, dans son tableau : le bain turc de 1863, conservé au musée du Louvre à Paris. Ses toiles enchevêtrées dans un labyrinthe de fils- un travail de très longue patience réalisé par l’artiste- ses toiles aériennes sont réalisées à l’aiguille et non au crochet comme certains peuvent l’imaginer. Elles sont toutes visibles à la fois au recto et au verso et changent l’habitude de la lecture d’un simple tableau. Pour Claude, je cite : « les dentelles sont des accroches mémoires » On y retrouve associé, des fleurs tropicales, roses de porcelaine, hibiscus, oiseaux… Un autre thème, dont vous reconnaitrez l’iconographie et la représentation de « la vierge du grand retour » sujet qui a soulevé maintes polémiques au sein de l’église catholique. Alors si vous voyez une vierge, madone voilée dans une barque, c’est à cet évènement que font écho les 6 pièces de l’exposition de Claude Cauquil ». Entre naissance et renaissance Claude nous transmet ainsi sa volonté d’exprimer le mystère de la vie à travers un mysticisme postmoderne sobre, dans un style bienveillant et magnifique, redécouvrant l’essence même de la création divine.
Notre avis :
On se rend compte alors que cet artiste visionnaire et scientifique s’est donné pour mission de mettre à jour ce que l’on pourrait appeler l’âme des cellules et par là-même leur identité. Les travaux de l’artiste nous proposent une vision multiple de l’unité, chaque élément étant séparés grâce à de la dentelle du papier, du tissu ou par le relief de l’œuvre, afin de montrer la différence existant entre ce que l’on peut dire, l’espace intérieur, lieu de la création et l’environnement externe. Toute son insoupçonnable beauté qui subjugue les connaisseurs et séduit les amateurs d’art.
Pratique :
A Tropiques -Atrium
A la Galerie « La Véranda »
Jusqu’ au 17 décembre 2016
« In Memoriam »
Une exposition personnelle
De Claude Cauquil
Contact réservation
05 96 70 79 29
Christian Antourel.