— Par Pierre Alex Marie-Anne —
Croire qu’une réforme ,qualifiée par l’intéressé lui-même de mineure ,consistant à doter l’Assemblée Territoriale et son Président de moyens matériels ,humains et financiers suffirait à rétablir les conditions d’un fonctionnement démocratique à la CTM ( il ne le serait donc pas contrairement à ce que laisserait entendre la teneur dithyrambique de cet article !) ,est pure vue de l’esprit pour ne pas dire aveuglement volontaire poussé au paroxysme.
Pour que l’Assemblée Territoriale puisse effectivement , comme la loi du 27-07-2011 le prévoit, délibérer souverainement et contrôler l’Exécutif, il faudrait tout simplement qu’elle en soit réellement indépendante , ce qui n’est évidemment pas le cas.
Le mode de scrutin à la Proportionnelle affublé d’une Prime majoritaire exorbitante de 20% , et assortie d’un seuil rédhibitoire de 5% excluant toute représentation des petites listes, notamment citoyennes garantit aux têtes de listes principales , appelées à devenir les futurs Exécutifs ,le contrôle absolu sur la la confection et donc la liberté d’action de la future majorité de l’Assemblée Territoriale .
De plus , il favorise l’apparition de deux blocs antagonistes bientôt irréconciliables, s’affrontant en permanence dans des joutes stériles et sans concession au détriment des véritables intérêts de la population qui assiste impuissante à ce spectacle lamentable.
Les jeux sont donc faits dès le départ : Assemblée et Président du Conseil exécutif sont indissociablement liés et dans cet attelage c’est l’Exécutif omnipotent qui commande ; ce n’est pas le moindre paradoxe de ce régime introuvable que ce dernier ,censé procéder du vote de l’Assemblée en est en réalité le véritable chef.
L a boucle est bouclée le Président du Conseil Exécutif concentre entre ses mains tous les pouvoirs aussi bien administratifs que politiques ; tous les organes de la collectivité ,sans exception, lui sont subordonnés et lui doivent allégeance.
La possibilité théorique donnée à l’Assemblée de congédier l’Exécutif par un vote de défiance n’est qu’un leurre destiné à faire passer la pilule du Pouvoir absolu et sans partage conféré à ce dernier.
La meilleure preuve, s’il en fallait encore une de ce dérèglement institutionnel ,a été fournie publiquement lors de la récente Plénière de la CTM consacrée aux Orientation budgétaires de 2017.
Les téléspectateurs martiniquais ,médusés, n’ont pas été peu surpris d’entendre ,de la bouche même du nouveau « leader maximo » qui dirige cette collectivité, s’adressant à la cantonade devant cet aréopage fantomatique, « Président – distributeur de parole » compris lequel n’a pas eu bien sûr la moindre réaction ou protestation, en substance : ″vous pouvez voter ce que vous voulez,(sous-entendu, çà n’a aucune importance) c’est moi seul qui décide , en ma qualité d’ordonnateur du budget » ; bel exemple assurément de respect de la Démocratie !
Il m’est revenu que le grand Molière en personne s’est gondolé dans sa tombe face à la réincarnation de cet ‟HARPAGON tropical accroché frénétiquement à sa cassette‟, pendant qu’il y a le feu chez les pompiers du SDIS et que le SUD est coupé du reste de l’île à chaque épisode pluvieux, en dépit de l’annonce tonitruante d’une majoration prochaine de la taxe sur les carburants.
Pierre Alex MARIE-ANNE