— Par Faubert Bolivar —
Bonswa tout moun,
Ce soir nous ouvrons ensemble la deuxième saison des Rencontres pour le lendemain. A l’ouverture de la première saison, en janvier dernier, nous vous avons promis des belles soirées. L’adhésion quasi spontanée qu’a suscitée cette initiative prouve que nous avons tenu notre promesse. Nous devons nous en féliciter. Nous, c’est-à-dire l’équipe (Nadia, Emmanuelle, Widad, Ymelda, Daouia, Daniel, Michel, Faubert) ; nous, c’est-à-dire, la ville du Saint-Esprit, particulièrement la Médiathèque Alfred Melon Dégras, plus précisément Yaïssa et toute son équipe ; nous, c’est-à-dire nos invité e s et leurs invité s de la première saison : Monchoachi. Ernest Breleur. Jocelyne Beroard. Hassane Kassi Kouyaté. Syto Cavé. Gilbert Pago. La qualité inégalée de leurs passages respectifs a allumé dans notre ciel des étoiles qui rendent le chemin plus clair. Nous, ce sont les médias, les journalistes qui nous soutiennent : une pensée particulière pour Pierre Lafarge, Adams Kwatheh, Roland Sabra, pour ne citer que ceux-là ; Nous, c’est également et surtout Vous, public, sans qui les rencontres ne sauraient avoir lieu. Nous, c’est nous tous, nous toutes autant que nous sommes, car les Rencontres pour le lendemain sont une aventure qui se veut collective, dans le sens le plus beau du terme et qui tend à le rester. Au fait, en soi, les rencontres ne sont qu’une idée. Une idée ne vaut que parce qu’elle est l’affaire de tous. « Malheur à qui n’a plus rien à désirer ! Il perd pour ainsi dire tout ce qu’il possède », mettait en garde Rousseau. Promeneurs et rêveurs solidaires, nous proclamons notre désir du lendemain, car ce que nous possédons ce n’est ni le passé qui n’est plus, ni le présent qui ne fait que passer, mais le futur qui vient, qui s’en vient, disponible pour la forme merveilleuse que nous pouvons, si nous le voulons, lui donner. A l’heure où d’un bout à l’autre de la planète nous arrivent les nouvelles peu rassurantes des peuples déboussolés, des élites délitées et délinquantes, nous devons rappeler que le chemin des hommes est parsemé d’étoiles glorieuses, de modèles flamboyants, que nous devons, avec zèle, constance et lucidité, identifier, reconnaitre, questionner, suivre. Telle est l’idée que nous défendons ici, sans vaine prétention, mais avec l’humilité et la foi des cherchants, dans cette commune du Saint-Esprit, que l’on croyait « loin » tout simplement parce que l’on ignorait cette vérité essentielle : la Martinique, pas plus que le monde, n’a pas de centre, car le centre est partout et la circonférence nulle part selon cette vieille formule sans auteur connu. Ce soir, nous ouvrons avec vous la deuxième saison des Rencontres pour le lendemain. Avec des artistes qui ne sont pas encore au sommet de leur art, nos amis Annabel, Henri et leurs deux complices, Glwadys et Marvin. De ce choix, nous avons des leçons à tirer pour le lendemain : 1) dans une communauté, tout le monde, dès lors qu’il prend à cœur sa place et son rôle dans le collectif, tout le monde est apte à montrer le chemin, ainsi, aux rencontres nous ne recevons pas forcément des stars, mais des étoiles ; 2) la discussion contradictoire est essentielle à la vie humaine, ainsi les rencontres seront davantage problématisées, orientées vers l’échange sur les idées essentielles ; 3) nous ne devons pas perdre de vue que le lendemain est le royaume de la jeunesse, ainsi nous reformulons à haute et intelligible voix notre vœu ardent de nous adresser aux jeunes, à ceux et celles qui seront encore là quand nous ne serons plus. Alors, amis et amies des Rencontres pour le lendemain, nous vous le demandons solennellement : amenez-nous les jeunes. Faites venir les jeunes. Nous voulons plein de jeunes curieux et assoiffés du lendemain. Sur ces mots, nous nous nous souhaitons une belle soirée et une bonne saison de semences vives et vivifiantes. Allons-y donc ! Allons-y donc gaiement.