— Par Jocelyn Jonaz —
Le zamana de l’Habitation Céron, au Prêcheur
Il y a un arbre nommé le figuier maudit de par sa nature. Il y a d autres qui sont maudits de par leur utilisation dans notre douloureuse histoire. A Trois-Rivières en Guadeloupe, il y en a un de 300 ans ou l’on pendait allégrement les esclaves fugitifs et rebelles. Au Prêcheur il y a un zamana tricentenaire pour lequel il y aurait des éloges de ses propriétaires très fiers, il est vrai qu’il se dit que nos ancêtres sont des Gaulois. Si la terre et les arbres pouvaient parler que de vérités funestes nous claqueraient le visage et les oreilles si chastes.
Le curé de la paroisse a du surement bénir cet arbre. Et je crois sans me tromper que les Martinikaners, ancêtres des actuels propriétaires ont dû y pendre bon nombre de ‘neg mawon’ et de rebelles récalcitrants à leur dur labeur imposé par ces maudit maitres. Nous n’allons pas refaire l’histoire car nous la connaissons tous.
Les couleurs royalistes bleue et blanche du drapeau aux quatre serpents a du flotter dès le 04 juillet 1766 grâce à d Ennery. Je viens de trouver l’original de ladite ordonnance que nous publierons lors d’un bokantaj public.
Combien de litres de sang nègre a du couler pour abreuver les racines ce monstrueux arbre. Combien de litres de sanglots de mes ancêtres pendus ou flagellés ont dû arroser ses racines son tronc ses feuilles ? Le terreau de sa terre est enrichi de mes ancêtres apeurés par la puissance dominatrice de ces Martinikaners soutenus par le pouvoir en place royaliste avant la révolution Française ou républicain après 1789.
Ce zamana est le témoin silencieux de ces crimes et atrocités de l’esclavage légalisé sur notre terre.
Et comme l’a écrit Meeropol et l’a chanté Billie, Le tronc les branches et les gousses de ce Zamana maudit sont remplis de sueur et de sang. Une dernière chose, les âmes errantes de tous ces sacrifiés, pendus, flagellés, humiliés, demeurent dans ce lieu angoissant et terrifiant. Et ces Martinikaners esclavagistes ne dorment pas bien dans leurs tombes non plus car le souvenir de ce zamana ensanglanté nous parle dans ce silence envahissant et abrutissant de vérité non dite. Ah quel fruit étrange porte ce zamana pour être élu le meilleur arbre de France, oui nous tommes tous créoles et gaulois ! Non moi, Jonaz, martiniquais éveillé, je ne pouvais voter pour qu’ un tel arbre représente la Martinique, mon péyi chéri.
Jocelyn JONAZ, Asso Nécessité Vert-pré