— Par Fara C. —
Avec l’album The Wrong Kind of War, la chanteuse, ex-mannequin, tresse des odes à la résistanceet des hymnes à l’amour d’une tendresse lucide. En tournée et bientôt à l’Olympia.
Ce n’est pas un conte de fées que nous allons narrer. Mais l’histoire d’un cœur battant, l’odyssée d’une combattante qui imprime à la beauté une infinie dignité. Née dans une famille nombreuse, Imany a été élevée avec rigueur et amour. « N’oublie pas que tu devras travailler plus dur que la plupart de tes congénères », lui répétait son père, né français, d’origine comorienne, qui savait de quoi il parlait. Comme lui, Imany s’est vu renvoyer à la figure la couleur de sa peau. À l’exemple du papa, dont la conscience politique a été pour elle une leçon de vie, la jeune femme n’a jamais baissé les bras. Le surnom swahili qu’elle s’est choisi, Imany, peut se traduire par espoir…
Ambassadrice de l’association ENDOmind, qui milite pour la reconnaissance de l’endométriose, elle donne vraiment de l’espoir aux femmes qui souffrent de cette maladie dont les conséquences peuvent s’avérer dévastatrices. La chanteuse s’est engagée en faveur de la première campagne nationale de sensibilisation (qui a pour slogan « Les règles, c’est naturel, pas la douleur »). Elle précise : « Face au déni qui frappe cette maladie, découverte en 1850, encore mal connue de trop de généralistes, on constate des avancées. Mais, une de mes amies s’est retrouvée en chaise roulante… Quand la santé des femmes n’est pas assez prise en considération, cela en dit beaucoup sur la société. »
Plus de 200 millions de vues sur Internet
Remarquée dans le métro, elle devient, à l’âge de dix-sept ans, mannequin au sein d’une agence. Partie à New York pour un contrat avec Calvin Klein, elle reste sept ans aux États-Unis, où, finalement, elle quitte le mannequinat pour s’en remettre à sa passion, la musique. C’est naturellement qu’elle chante dès lors en anglais. Les années passent, sa persévérance paie. Après le succès de son premier disque, The Shape of a Broken Heart (2011), Imany prend le temps de peaufiner son deuxième album : vient de sortir The Wrong Kind of War (la Mauvaise Guerre), petit diamant aux flamboiements soul, folk, pop…
Plus de 200 millions de vues sur Internet. C’est le score atteint par le remix de son single Don’t be so Shy, qu’a effectué le tandem Filatov & Karas et qui conclut l’opus. L’interprète, auteure et compositrice dédie à Mandela le titre They were Tears. « Je l’ai écrit à l’annonce de sa mort », confie-t-elle. Il s’agit d’une conversation qu’elle a imaginée entre le grand homme et des jeunes d’aujourd’hui. « They unchained my leg but I’ve been always free », fredonne-t-elle (« lls ont enchaîné ma jambe mais j’ai toujours été libre »). « J’encourage la jeunesse à se battre, à s’inspirer de modèles comme Mandela, explique-t-elle. J’aurais pu évoquer Mohamed Ali, Malcolm X, Sankara, Che Guevara, l’abbé Pierre, Gandhi… Tous ces héros, dont on parle insuffisamment, sont souvent réduits à des effigies sur des T-shirts. Les marchands ont récupéré le symbole, qu’ils ont vidé de sa substance pour faire de l’argent. »
Imany fustige les méfaits du roi fric contre notre planète (« The Rising Tide »), appelle à cultiver l’optimiste (« The Silver Lining »), signe des chansons d’amour dont la tendresse se conjugue avec une lucidité assumée….
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