— Par Fara C —
C’est ma première grande découverte de cette 39e édition », déclare une fidèle festivalière. Dès le deuxième jour, le public a deux autres révélations : GoGo Penguin et Snarky Puppy, qui mettent le feu aux poudres. Le lendemain, Ibrahim Maalouf attire 5 500 fans que le trompettiste Stéphane Belmondo, en première partie, emmène sur les ailes de son œuvre Love for Chet. Deux jours après, les mélomanes touchés par ce bijou dédié à Chet Baker en parlent encore…
En l’espace d’un an, l’artiste a tourné aux quatre coins du monde
En 2015, Lisa Simone avait, elle aussi, emporté l’adhésion de l’exigent public marciacais. Au début, ce dernier semblait dans l’expectative devant la fille de la légendaire Nina. Progressivement convaincu par le talent qu’il découvrait, il lui a réservé une standing ovation, inoubliable pour la chanteuse et auteure-compositrice. « Ce souvenir est gravé en moi, nous confie Lisa, un an après. Durant les premiers titres, j’avais le trac comme pour un examen de passage. C’était d’autant plus stressant que beaucoup de gens m’avaient dit avoir vu ma mère se produire à Marciac. Au cours du concert, j’ai senti lentement l’atmosphère se détendre, s’échauffer, jusqu’à l’explosion finale de bravos. Et j’ai éprouvé un soulagement mêlé de félicité. » Le triomphe fut tel que Jazz in Marciac l’a remise à l’affiche de son 39e cru, avant-hier. En l’espace d’un an, l’artiste a tourné aux quatre coins du monde et a publié un deuxième disque, My World, salué par la critique la plus vétilleuse. Elle instille, dans son expression scénique, la sérénité que la reconnaissance a contribué à développer en elle. Sur l’immense scène du chapiteau, elle fait offrande d’un art affranchi des angoisses existentielles qui la taraudaient depuis son enfance cabossée par la vie. Elle évoque sa maman avec une infinie tendresse et, même, une gratitude dont elle se serait peut-être sentie incapable quelques années auparavant. Sa participation au captivant documentaire de Liz Garbus sur Nina, What Happened, Miss Simone ? (2015), l’a aidée. « Ce film m’a donné l’opportunité de me pencher de nouveau sur l’incroyable itinéraire de ma mère. Ceci, à la lumière de ma propre expérience : le tourbillon de l’artiste sous les feux de la rampe, les tournées harassantes, etc. La réalisatrice a narré avec un profond respect l’histoire de Nina, son combat auprès des Black Panthers et des activistes pour les indépendances en Afrique. Et, surtout, son chagrin inconsolable face à la ségrégation qui lui a interdit de devenir la pianiste classique qu’elle rêvait d’être, ce qui est la clé de son parcours. Si l’on ne saisit pas la douleur et la frustration qui ont enserré son âme suite à cet ostracisme qui l’a frappée dès sa jeunesse, on ne peut comprendre pleinement Nina Simone. »…
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