Tropiques-Atrium : le 29 avril 2016 à 20h. Scolaires les 28 et 29 à 9h30
Sitôt sa nuit de noces avec Alcmène consommée, Amphitryon, général thébain, quitte sa jeune épouse pour aller guerroyer. Le dieu Jupiter, amoureux de la belle mortelle, profite de l’occasion pour se glisser dans son lit sous les traits du mari. Son allié Mercure monte la garde, après avoir pris l’apparence de Sosie, valet d’Amphitryon. Mais celui-ci est de retour au palais, précédant son maître pour annoncer sa victoire… et tombe nez à nez avec cet « autre moi ».
Dès lors, la pièce repose toute entière sur le motif du double et du miroir. Entre quiproquos, malentendus et rebondissements, Molière invente une fantaisie mythologique à grand spectacle, où les dieux descendus sur terre, rusés et manipulateurs, sèment la confusion et s’amusent aux dépens des humains, dupés de bout en bout et incapables de distinguer le vrai du faux.
Amùphitryon a été créé comme un divertissement, à une époque où les scénographies se sont vues profondément et durablement enrichies des inventions de Torelli.
Dans le prologue de sa pièce, Molière indique la présence d’un nuage sur lequel Mercure repose, puis au fil des huit didascalies de la pièce, des vols, des disparitions et des apparitions qui nécessitent des machineries complexes et propres à créer des effets de magie pour le spectateur.
Cette dimension de « pièce à machine » me paraît passionnante pour aujourd’hui et je me propose de la restituer avec nos moyens et outils modernes. Je ne souhaite pas faire de reconstitution mais bien au contraire, d’utiliser les technologies actuelles pour produire cette magie, par l’image et le son. J’utiliserai les images en allusion aux toiles peintes de l’époque et, par exemple, là où Molière pose un nuage peint sur un bout de planche suspendue dans les cintres pour signifier l’Olympe, je restituerai l’idée du ciel sur des écrans, par l’apport de la vidéo. Plusieurs vidéoprojecteurs fabriqueront l’univers très contemporain de ces dieux imposteurs, descendus sur terre pour abuser des vivants.
Comme souvent chez Molière, l’espace de jeu lui-même sera simple, et représentera ce dialogue entre terre et ciel. C’est la dualité dieux/humains qui sera signifiée d’une façon épurée et non figurative. Le symbole et la suggestion seront mes outils principaux. L’histoire à raconter se suffisant à elle-même, grâce à la puissance de l’écriture et la versification, ce sont les personnages qui auront toute la place sur scène. Avec eux, les acteurs et leurs corps, dans un jeu physique et burlesque. Les costumes seront contemporains et je penserai à ce que Brecht fit des personnages divins dans la Bonne Âme de Se-Tchouan , pour imaginer la présence sur terre de Jupiter et Mercure parmi les humains. La pièce pourrait se passer aujourd’hui selon moi et les choix de costumes le signifieront clairement.
Un travail de maquillage aura sa place dans la création de ces personnages mi-dieux mi-hommes, et leur présence magique parmi les humains, leur caractère d’invisibilité parfois, seront questionnés par le recours aux techniques de la métamorphose.
Le dialogue interne de la pièce se fonde sur l’opposition, parfois violente mais toujours drolatique, entre mortels et immortels. C’est cette dualité dramaturgique incontournable que je souhaiterai restituer par la juxtaposition des corps humains bien réels avec les images très virtuelles des cieux et des limbes.
Guy-Pierre Couleau
juin 2014
Mise en scène : Guy Pierre Couleau
Assistante à la mise en scène : Carolina Pecheny
Scénographie : Delphine Brouard
Costumes : Laurianne Scimemi
Lumière : Laurent Schneegans
Maquillage : Kuno Schlegelmilch
© crédit photo : Stokkete images
Production : Comédie De l’Est – Centre Dramatique National d’Alsace
Coproduction : Comédie de Poitou-Charentes – Centre Dramatique National
Avec le soutien de : Ministère de la Culture & de la Communication, DRAC Alsace, Ville de Colmar, Conseil régional d’Alsace,Conseil général du Haut-Rhin
Scolaires les 28 et 29 à 9H30
Jean-José Pellan – 0596 70 79 37
jjosepellan_at_tropiques-atrium.fr