Une vie culturelle qui ne reconnaît pas la pratique amateur, c’est-à-dire la manière la plus forte et la plus partagée de vivre les arts, n’est pas une vie culturelle ouverte à tous.
Fleur Pellerin
26, 27 28 mai 2016 à 19h 30
La Réunification des deux Corées
De Joël Pommerat
L’Autre Bord Compagnie (Martinique)
Mise en scène de Caroline Savard et Guillaume Malasné
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La formule « théâtre amateur » date d’un demi-siècle à peine. On disait autrefois « théâtre d’amateurs », en une expression plus heureuse puisqu’elle ne crée pas d’effet de symétrie avec « théâtre professionnel » et que l’amateurisme ne se définit nullement comme un non-professionnalisme.
Pourtant, amateur ne signifie pas seulement non-professionnel. Ni débutant. Pour qu’une activité dramatique relève du théâtre amateur – ou d’amateurs, selon la formule encore en usage dans les années 1950 –, trois conditions doivent être remplies, en plus du caractère non lucratif : le théâtre doit être le but principal de l’activité ; la relation à un public doit être inscrite dans la perspective à plus ou moins long terme des participants ; enfin, la structure dans laquelle l’activité s’inscrit doit être elle-même amateur (la participation individuelle d’acteurs inexpérimentés ou de véritables amateurs à un spectacle professionnel ne relève pas de cette catégorie).
Le texte de référence est le décret du 19 décembre 1953, toujours en vigueur malgré ses lacunes, et dont la révision est en cours. Strictement économique et juridique (est amateur l’acteur qui n’est pas rétribué), la définition alors formulée sous la pression de professionnels inquiets d’une éventuelle concurrence a contribué à faire passer l’amateurisme pour une simple pratique de loisir, c’est-à-dire, pour un non-professionnalisme. Il a fallu attendre la fin des années 1990 et la grande interrogation sur les « pratiques culturelles », l’échec apparent de leur démocratisation et la valeur des grilles de lecture utilisées, pour que son étonnante vitalité soit considérée d’un œil neuf et véritablement étudiée : au-delà du besoin non négligeable de divertissement, elle témoigne d’un goût puissant et largement partagé pour une pratique collective directe de la scène et atteste l’existence en ce domaine d’une mémoire diffuse mais active. Deux théâtres, en effet, se sont développés parallèlement en Europe : un théâtre professionnel fondamentalement itinérant et marginal et un théâtre amateur qui était un théâtre de centre, jouant un rôle essentiel dans l’entretien des valeurs et des codes communs. Ils ont évolué selon une complémentarité complexe. Il n’existe donc pas un modèle unique, avec une forme pure et une forme dégradée, mais deux modèles distincts, aussi légitimes l’un que l’autre. Ce qui caractérise le théâtre des amateurs est que son ludisme parfois audacieux se manifeste sans solution de continuité avec la scène du social.
Les documents les plus sensibles et sans doute les plus exacts, nous les devons à des artistes (romanciers, cinéastes, auteurs dramatiques, metteurs en scène professionnels) qui ont pris pour objet le théâtre d’amateurs, aimant en lui un autre amour du jeu, un flirt avec le risque, un rapport fascinant de l’art et du non-art.
L’ensemble vient enrichir la réflexion contemporaine sur la notion d’amateurisme, réflexion aujourd’hui très active dans d’autres domaines artistiques…
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Déjà programmé :
3,4,6,7 mai 2016 à 19h 30
L’Atelier
de Jean-Claude Grimberg
Les Comédiens (Martinique)
Mise en scène de Julie Mauduech
11,12,12,13, 2016 à 19h 30 & le 14 mai 2016 matinée à 15h 30 et soirée à 20 h
L’Assemblée des femmes
d’après Aristophane
La Compagnie Courtes-lignes (Guadeloupe)
Mise en scène de Claude-Georges Grimonprez