—- Par Guy Gabriel —
A Madiana. Rosalie BLUM : film français de Julien Rappeneau Avec Noémie Lvovsky, Kyan Khojandi, Alice Isaaz, Anémone,
Genre Comédie ;film français ; 1h35
Vincent Machot mène une vie sans histoire, presque tristounette ;en effet,il la partage entre son salon de coiffure, son cousin, son chat, et sa mère bien trop envahissante. Mais la vie réserve parfois des surprises, même aux plus prudents… Il croise par hasard Rosalie Blum épicière de son état, une femme mystérieuse et solitaire, qu’il est convaincu d’avoir déjà rencontrée. Mais où ? Intrigué, il se décide à la suivre partout, dans l’espoir d’en savoir plus. Il ne se doute pas que cette filature va l’entraîner dans une aventure pleine d’imprévus où il découvrira des personnages aussi fantasques qu’attachants. Une chose est sûre : la vie de Vincent Machot va changer…
Julien Rappeneau nous propose une drôle d’histoire de filatures, sous forme de comédie gigogne pleine de surprises ; on découvre le personnage de Vincent Machot (Kyan Khojandi) dont la vie se partage, entre le salon de coiffure familial qu’il a repris et une mère tyrannique et acariâtre qui le harcèle (Anémone) Il se met à suivre cette femme énigmatique sans bien savoir pourquoi mais se prend très vite au jeu.
Mais, lorsque cette dernière le remarque, elle demande à sa nièce Aude (Alice Isaaz) de le filer à son insu à son tour ; à travers le regard de Vincent, Aude puis Rosalie, le film va nous proposer de découvrir la vérité de chacun des personnages; entre réalisme et poésie, et, avec des allures de conte, il va multiplier, efficacement , les fausses pistes et les situations à la limite du burlesque, passant de l’humour à la gravité, sans oublier l’émotion.
Rosalie Blum nous parle de solitude, solitude qui, ici, déstabilise les personnages, chacun assumant, à sa manière ; qu’il s’agisse de Vincent, Rosalie ou Aude ; chacun a une blessure qui peut expliquer son rapport à la vie.
Nous allons suivre, à tour de rôle, ces solitudes qui se croisent sans se rencontrer dans un récit construit comme un puzzle qui va déboucher sur un univers attachant , où la fantaisie côtoie l’ennui et l’échec ; ici, l’adolescence et la vie d’adulte font face au même vide existentiel ; mais le film ne véhicule pas, pour autant un pessimisme insurmontable, au contraire, ce qui fait son charme ; charme qu’accompagnent superbement les comédiens; qu’il s’agisse de Kyan Khojandi (découvert dans la série Bref de Canal+), en ahuri déboussolé, de Noémie Lvovski ou la jeune Alice Isaaz, magnifique Aude, sans oublier Anémone qu’on retrouve avec plaisir, tant elle est excellente dans le rôle de cette mère-pot-de-colle, qu’on a aimé détester.
Le film adapté de la BD éponyme de Camille Jourdy est donc un divertissement qui fait passer un agréable moment avec une histoire improbable mais suffisamment attachante pour rentrer dans le jeu, en y perdant, plus souvent qu’à son tour, son latin.
Julien Rappenau (fils de Jean-Paul) passe plutôt bien du rôle de scénariste à celui de réalisateur.
Guy Gabriel