Par Louise Couvelaire
Le 1er novembre, à Toulouse, François Hollande et le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou lançaient un appel commun contre l’antisémitisme.
Campagnes contre l’islamophobie et le racisme, plan contre l’homophobie, appel conjoint de François Hollande et du premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, contre l’antisémitisme, le 1er novembre à Toulouse… Pouvoirs publics et associations tirent la sonnette d’alarme. Et il y a de quoi. Toutes les études le montrent : les préjugés, qui étaient en recul depuis 2005, sont repartis à la hausse depuis deux ans. La crise économique n’est pas seule en cause. « Lorsque le politique se permet de raisonner en généralités sur tel ou tel groupe ethnique, cela contamine le débat public et favorise l’expression des préjugés », constate Jérôme Sainte-Marie, directeur du pôle Opinion de l’institut de sondage CSA, qui réalise chaque année une étude sur la tolérance des Français pour la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH).
Depuis 2010 et le discours de Grenoble de Nicolas Sarkozy sur l’immigration, les Français se montrent de plus en plus intolérants. La campagne présidentielle de 2012, marquée par une « ethnicisation » du discours politique, s’inscrit dans le même registre. « Jamais, durant la Ve République, une élection n’a été autant entachée par des propos racistes ou xénophobes, venant non seulement du FN mais aussi d’une partie de la droite, ce qui a fait sauter les verrous », souligne Sipa Réda Didi, délégué général de Graines de France, un groupe de réflexion qui a rendu le 30 octobre un rapport intitulé « Altérité, racisme et xénophobie dans les campagnes présidentielle et législatives de 2012 ». A l’heure où les tensions s’aggravent – six fois plus d’actes de violence visant les musulmans par rapport à 2005 et hausse de 45 % des actes antisémites durant les huit premiers mois de l’année – les initiatives pour lutter contre les discriminations se multiplient.
QUESTION D’AFFICHAGE
La Licra mise sur des slogans chocs.
« Une opération de communication ne réglera pas le problème, et ce n’est d’ailleurs pas l’objectif, explique Alain Jakubowicz, président de la Licra (Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme) qui s’apprête pourtant à lancer une nouvelle campagne. Il s’agit seulement de continuer à montrer qu’il existe des citoyens militants prêts à se battre contre les préjugés. » Question d’affichage, en somme. S’il est important de proclamer l’illégitimité du racisme, cela reste insuffisant. Voire contre-productif. « Il faut adopter une ligne plus agressive dans nos messages, moins gnangnan », insiste le président de la Licra. « Moins moralisatrice surtout, précise le sociologue Eric Fassin. La bonne conscience paraît toujours condescendante. » Un véritable exercice d’équilibriste.
Le CCIF revisite « Le Serment du Jeu de paume » avec des citoyens portant voile ou kippa.
M le magazine du Monde | 09.11.2012 à 12h06