— Lucien CIDALISE-MONTAISE, ancien président de l’Ordre des architectes —
(Reprise d’un aticle publié initialement le 25-05-2011 dans Madinin’Art)
Le projet de reconstruction du Lycée Schoelcher connaît depuis quelque temps de nombreux rebondissements. Pour. Contre. Enjeux culturels, financiers, urbains etc…. mais aussi sécuritaires etc…. Tout cela pourrait faire espérer que l’architecture, art bienfaiteur, méconnu et vilipendé, serait devenue aujourd’hui un enjeu essentiel de notre vision du futur.
Ceux qui en font, les architectes, revendiquent ce droit à débat. Mais pour l’heure, nous sommes interpellés par deux questions : la présentation du projet de reconstruction du Lycée Schoelcher, réalisé sous l’égide de la Région Martinique, oeuvre de notre ami et confrère Gustavo Torres et la déclaration d’un conseiller régional mettant en cause l’oeuvre présentée en insistant sur l’aspect « copier – coller » . Je dis bien copier – coller!
Passons rapidement sur le regard biaisé de notre critique. L’architecte est tenu – si talentueux qu’il soit – de respecter des contraintes urbanistiques, techniques et autres, mais non architecturales qui font que les neufs bâtiments conservés occupent les mêmes emplacements. C’est élémentaire Dr Watson! Mais plus grave. Une barre que je qualifierai de délinquante, traversait l’ensemble. Elle a été « reconçue » et comme certains lieux plus que d’autres, sont doués de culture accompagnant l’évolution des consciences, une partie a été conservée, choyée même, puisqu’inscrite à l’inventaire des Monuments historiques! En particulier l’horloge. « La Forme est irréductible. Elle humilie » .
Bref. Notre propos n’est pas de nous positionner dans un sens ou dans l’autre. Oui, quand même un peu… Mais de profiter de ces instants d’ouverture des intelligences – qui se ferment trop souvent – pour éclairer, qui veut bien, sur le rôle essentiel de l’architecte dans l’élaboration de toute œuvre architecturale.
Voyez sire. Mon inclination vers ce projet ne m’empêche pas d’attirer l’attention de G. Torres et celle du président de la Région sur cette récurrence : ce beau projet qui s’inscrit dans un ensemble urbain « pas aseptisé » , ou très peu, est fragile. Demain, il pourra être atteint par des « tumeurs » , intérêts de groupes spéculateurs, intérêts particuliers, obligations immobilières sociales, d’où des cogitations dialectiques qui si elles ne se solutionnent pas provoquent l’enlisement et un enterrement de première classe pour cette ambition historique : pérenniser la pensée et l’intelligence martiniquaise à travers le Lycée Schoelcher.
Si nous vous comprenons bien M. le conseiller, G. Torres n’a rien réalisé – sinon sous les ordres du président de la Région – que de reprendre la précédente étude – en catimini -! fort honorable au demeurant dressée sous les ordres de l’ancien président et d’y ajouter quelques colifichets (horloge, pié bwa etc…), le tour est joué. Torres, tu es une machine à distribuer des plans.
Les élus, la haute et basse administration, l’Etat et les grands techniciens n’y ont vu que du feu sauf notre vigile critique au regard lumineux. Il y a tromperie! Plagiat clame-t-il… Pire encore. Utilisation dispendieuse de l’argent des Martiniquais. Gustavo tu es un petit malin. Tu as utilisé ton grand talent pour briser le rêve égocentrique de certains. Le lycée Machin! Mi bel cout zépon! En rire un peu, oui, mais regretter le caractère déplorable et indécent de ces attaques.
Le projet présenté répond aux voeux de ceux qui aiment leur pays. Retrouver. Regrouper les souvenirs. Leur donner forces et moyens pour continuer le lent travail conceptuel d’appropriation de nos personnalités.
C’est ça le Lycée Schoelcher revu pour son époque avec les garanties obligées jusqu’à l’imprévisible. Monsieur le conseiller, laissez-nous remplir notre tâche. Aidez-nous au contraire.
Mélangeons nos utopies. Celles politiques : construire les choses, celles architecturales : construire le vide.
Lucien Cidalise-Montaise, ancien président de l’Ordre des architectes
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