— Par Guy Gabriel —
A Madiana
Les Huit salopards film de Quentin Tarantino ; avec Samuel.L.Jackson, Tim Roth, Michael Masden, Jennifer Jason Lee, Kurt Russell…
Interdit aux moins de 12 ans
Quelques années après la Guerre de Sécession, le chasseur de primes John Ruth, dit Le Bourreau, fait route vers Red Rock, où il conduit sa prisonnière Daisy Domergue se faire pendre. Sur leur route, ils rencontrent le Major Marquis Warren, un ancien soldat lui aussi devenu chasseur de primes, et Chris Mannix, le nouveau shérif de Red Rock. Surpris par le blizzard, ils trouvent refuge dans une auberge au milieu des montagnes, où ils sont accueillis par quatre personnages énigmatiques.
Alors que la tempête se confirme, l’auberge va abriter une série de tromperies et de trahisons. L’un de ces huit salopards n’est pas celui qu’il prétend être ; on pressent que tout le monde ne sortira pas vivant de l’auberge de Minnie…
Bien que situé juste après la guerre de Sécession Les huit salopards parle, peu ou prou, de l’Amérique d’aujourd’hui, celle qui n’a pas encore éradiqué totalement ses relents de racisme et d’intolérance.
Le film commence comme un western de John Ford ; et, ici, on pense à La chevauchée fantastique, dans une diligence avec, à son bord, des personnages qu’on ressent, rapidement hors normes, qui ne devraient pas du tout se retrouver ensemble. Voilà qu’une difficile cohabitation va commencer, dans ce qui est un vrai huis-clos, huis clos qui va se poursuivre dans l’auberge ; mais c’est un huis-clos qui ne sera jamais étouffant, car, va commencer un échange verbal qui ne sombre jamais dans un bavardage insupportable.
En effet, ces échanges deviennent rapidement un élément dramaturgique essentiel dans l’avancement du récit ; chacun se dévoile et sème la confusion chez les protagonistes et, forcément chez le spectateur.
Tarantino en profite pour régler son compte au racisme à peine latent qui parsème, çà et là son film (on est juste après la fin de la guerre de sécession et les cicatrices sont encore ouvertes), avant qu’il ne bascule dans une atmosphère digne d’Agatha Christie, avec suspicion questionnements et déduction.
Le film fait, forcément, la part belle aux comédiens, avec une prime particulière à Jennifer Jason Lee, en héroïne malmenée, mais digne, ce qui confirme le sens de la direction d’acteurs du réalisateur de Reservoir dog, ce dernier film faisant presque l’objet d’une autocitation dans le chapitre cinq, qui sert de conclusion au récit.
On reconnaît donc le Tarantino qui a un goût prononcé pour la culture populaire et l’humour noir, l’absurde et un décalage réjouissant, sans oublier un sens de la mise en scène précise qui sait magnifier les lieux et personnages, même dans leur vilénie.
Guy Gabriel