Un an après, nous commémorons les 17 victimes des terribles attaques de janvier dernier. Parmi elles, Clarissa Jean-Philippe, agent de police tuée par Amedy Coulibaly le 8 janvier à Montrouge, la veille de la prise d’otages au supermarché Hyper Cacher. Alors que la France lui rend hommage ce samedi, sa cousine témoigne.
Entre le 7 et le 9 janvier 2015, 17 personnes sont tombées sous les balles des terroristes. Ma cousine, Clarissa Jean-Philippe, faisait partie des victimes.
Un an après le drame, la douleur est toujours aussi vive.
Quand je l’ai appris, je me suis évanouie
J’étais devant ma télévision quand j’ai appris qu’une policière avait été tuée à Montrouge, le 8 janvier dernier. Quelques instants plus tard, mon petit frère m’a appelé pour m’annoncer que l’agent de police en question n’était autre que Clarissa.
Je n’y ai pas cru et je lui ai dit que ce n’était pas possible.
Après avoir raccroché, je me suis évanouie. Quand j’ai repris connaissance, une quinzaine de minutes plus tard, j’ai appelé une cousine en Martinique, pour savoir si elle avait plus d’informations. Je voulais avoir une confirmation.
Pendant ce temps, les chaînes d’information en continu distillaient des informations. Ce n’est qu’environ une heure plus tard que la nouvelle a été officialisée : c’était bien Clarissa qui avait été tuée dans l’exercice de ses fonctions.
Clarissa était ambitieuse et agréable
Ma cousine était une jeune femme agréable, toujours prête à rendre service. Elle avait des objectifs et voulait réussir dans la police, car elle aimait vraiment son métier. Elle a été tuée à 25 ans, alors qu’elle avait la vie devant elle.
Les heures qui ont suivi l’annonce de sa mort ont été extrêmement difficiles. Ma fille, qui avait un an de moins que Clarissa s’est retrouvée bloquée en sortant du travail, car les stations de métro étaient fermées à cause de l’attaque à Montrouge. J’ai redouté un nouveau drame.
Très vite, la mère de Clarissa, qui habite en Martinique, est venue en France. Elle avait beaucoup de questions mais pas de réponses. Je l’ai aidée à gérer la partie administrative, afin d’accélérer les démarches
J’ai l’impression que c’était hier
Le drame s’est déroulé il y a un an, mais j’ai l’impression que c’était hier. Les attentats de novembre n’ont fait que renforcer ma douleur. Depuis, je n’arrête pas de me demander quand est-ce que tout ceci va s’arrêter.
En cette période de commémorations, la douleur est encore plus forte. C’est comme si j’apprenais une deuxième fois la mort de Clarissa.
À cette occasion, huit membres de ma famille sont venus de Martinique pour lui rendre hommage. J’ai fait le nécessaire pour les accueillir dans les meilleures conditions, en faisant une demande d’aide particulière. Le gouvernement et la mairie de Montrouge ont ainsi mis une voiture à leur disposition le temps de leur séjour.
Ensemble, nous irons à Montrouge, puis probablement à Carrières-sous-Poissy, la ville où elle habitait. Nous nous rendrons aussi à la messe qui sera donnée dimanche à la basilique de Saint-Denis. Je remercie d’ailleurs ces villes, mais aussi le gouvernement, le Créform et tous les Français pour leur soutien.
Aujourd’hui, j’aimerais que l’on se souvienne de Clarissa en pensant à la jeune femme épanouie, ambitieuse et profondément humaine qu’elle était.
Comme les 16 autres victimes de ces terribles attaques, nous ne devons pas l’oublier.
Propos recueillis par Anaïs Chabalier.