Pierre Boulez, mort d’un musicien insoumis

— Par Sophie Joubert —

pierre_boulezLe chef d’orchestre, compositeur et bâtisseur d’institutions est mort le 5 ajnvier 2016 à son domicile de Baden-Baden, à l’âge de 90 ans.
« Ça me barbe de jouer toujours la même chose (…) je préfère faire ce que je n’ai jamais fait » confiait Pierre Boulez en 2010 à l’Humanité. Compositeur joué dans le monde entier, chef invité à diriger les plus prestigieux orchestres du monde (le Symphonique de la BBC, l’orchestre de Cleveland, le philarmonique de New-York), théoricien, pédagogue et créateur d’institutions majeures comme l’Ircam et l’Ensemble intercontemporain, il était le dernier survivant de la génération des Nono, Berio, Stockausen et Ligeti, inventeurs d’une nouvelle musique après la seconde guerre mondiale. « Il a été déterminant dans la marche en avant de la musique de notre époque, la musique que l’on était en train de composer, celle qu’on allait jouer demain » a réagi Stéphane Lissner, le directeur de l’Opéra de Paris. « Pierre Boulez, c’est le compositeur du « Marteau sans maître », de « Pli selon pli », ou de « Répons ». C’est une oeuvre dont l’inspiration est aussi puisée chez Mallarmé, Char ou Michaux » a souligné la ministre de la Culture, Fleur Pellerin.

Né en en 1925 à Montbrison, dans la Loire, il choisit la musique en 1942 après des études de mathématiques spéciales et suit l’enseignement d’Olivier Messiaen au Conservatoire de Paris. Nommé directeur musical de la Compagnie Renault-Barrault au théâtre Marigny en 1948, il s’impose comme un compositeur d’avant-garde et construit un style hors-norme. Les années cinquante sont une période très féconde, marquée par les rencontres de Darmstadt, en Allemagne, où se retrouvent les artistes et intellectuels européens d’avant-garde muselés par la guerre et le nazisme.

Exilé volontaire en Allemagne pour protester contre la politique musicale de Malraux, il crée à Baden-Baden, où il a vécu jusqu’à la fin de sa vie, « le Marteau sans maître » (1955), son œuvre la plus connue avec « Répons » (1981-1988). Il rentre en France dans les années soixante-dix à l’invitation du Président Georges Pompidou, fonde l’Ensemble intercontemporain et l’Ircam (institut de recherche et de coordination acoustique/musique) qui ouvre ses portes en 1977. Il a aussi largement contribué à la création de la Cité de la musique, inaugurée en 1995, et à la Philarmonie de Paris.

Chef sans baguette, il était apprécié dans le monde entier pour sa direction des grandes œuvres du répertoire comme « le Sacre du printemps » de Stravinsky ou le légendaire « Ring du centenaire », mis en scène par Patrice Chéreau à Bayreuth à l’occasion du centenaire de Wagner (1976-1980). « Ses interprétations, marquées par un respect absolu du texte musical, étaient pour autant expressives et savaient magnifier les chatoiements orchestraux d’un Ravel ou d’un Debussy. » relève le Parti communiste français dans un hommage…
Lire la Suite & Plus => L’Humanité.fr
http://www.humanite.fr/pierre-boulez-mort-dun-musicien-insoumis-594754