L’Université d’été européenne de la mousson d’été

mousson_d_eteL’Université d’été fondée par Michel Didym est un dispositif pédagogique spécifiquement greffé sur La mousson d’été qui est animée par cinq artistes. Sous forme d’ateliers matinaux, cette formation/partage offre à 70 personnes, venues de toute l’Europe, la possibilité d’une formation in situ, de se trouver dans ce carrefour de l’écriture théâtrale et d’en devenir acteur. Dans un espace convivial, elle favorise les échanges, les rencontres, les découvertes. Elle donne l’occasion à des étudiants, des enseignants, des artistes et des professionnels du secteur culturel français et européen de se former aux spécificités de l’écriture théâtrale. Elle permet de rencontrer les artistes qui font la création d’aujourd’hui.
du 21 au 27 août de 9h30 à 12h30
direction pédagogique Jean-Pierre Ryngaert
assisté de Aziyadé Baudouin-Talec
ateliers animés par Joseph Danan, Nathalie Fillion, Pascale Henry, Rebekka Kricheldorf et Jean-Pierre Ryngaert

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Mousson d’été. La force de frappe de la parole

— Par Marina Da Silva —

Nord-Sud. Richesse et pauvreté. Individu-société. Intime et publique. Des écritures plurielles, orage et arc-en-ciel, composent une Mousson d’été passionnante et prometteuse.

C’est Michel Didym qui fait l’ouverture de cette vingt-et-unième édition avec = (presque égal à) de Jonas Hassen Khemiri, traduit du suédois par Marianne Ségol-Samoy. Un texte ambitieux et complexe, véritable condensé politique de la période, impitoyable pour les pauvres, jouissive et opulente pour les riches. A la fois petit manuel simplifié d’économie et farce brechtienne. On n’en perd pas une miette. C’est joué selon la tradition de la Mousson, texte en main après seulement deux ou trois répétitions, mais dans un dispositif, jeu, lumière, musique live, qui compose déjà l’approche d’une mise en scène. Didym a donné, avec Quentin Baillot, Benoit Giros, Odja Llorca, Catherine Matisse, Charlie Nelson et Julie Pilod la vision de tout un monde et de ses multiples personnages dans leurs rapports de domination. Au sein d’une famille, d’un bureau Pôle emploi, d’un bureau de tabac, le cabinet d’une coach, dans la rue… le large éventail de relations cruelles lorsqu’on n’a plus de boussole.

Avant de se rebeller contre l’exploitation capitaliste, les pauvres se font d’abord la guerre entre eux. Andrej, chômeur, ne supporte pas la vue de Peter, SDF qu’il imagine s’en sortir mieux que lui. Freia n’a pas hésité à pousser devant une voiture une collègue qu’elle accusait de vouloir prendre sa place. La description de cette difficulté à vivre pourrait sembler sordide, mais les comédiens font merveille dans un jeu distancié et déjanté qui produit un rire libérateur. Ils interprètent parfois plusieurs scènes en même temps, dans une partition sans faille, qui donne encore de la vitalité au texte. Loin d’oppresser, cette mise en jeu réveille nos neurones et nous invite à réécrire d’autres histoires dans la vraie vie, plus combattives, plus solidaires. Se battre ensemble ou être dévoré un par un et tout seul : « Maintenant, levez-vous et sortez pour changer le monde ! ». C’est le troisième texte de Khemiri présenté à la Mousson après Invasion et J’appelle mes frères. Né en Suède en 1978, d’une mère suédoise et d’un père tunisien, il confirme la puissance de sa plume et se révèle l’une des plus intéressantes écritures de plateau en prise avec la scène politique d’aujourd’hui…

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