— Par Caroline Constant —
« L’Autre Pilule, un combat pour les femmes« , (Voir en Replay sur Arte). Le film de Simone Halberstadt-Harari revient sur l’histoire tourmentée de la pilule RU-486, un traitement inventé en 1982 qui continue à provoquer des passions.
Un million de Chinoises la prennent chaque année et la moitié des avortements en France sont pratiqués grâce à elle, la petite pilule magique inventée par le professeur Étienne-Émile Baulieu en 1982, le RU-486. La productrice Simone Halberstadt-Harari a revêtu, le temps d’un documentaire, la casquette d’auteur. Pour un film qui lui tenait très à cœur depuis longtemps, et qu’elle a d’ailleurs eu du mal à imposer : le récit, de 1982 à aujourd’hui, des péripéties qui ont prévalu au développement de cette molécule, à sa mise sur le marché et aux débats passionnés qu’elle a suscités depuis sa création, en France comme ailleurs dans le monde. La productrice s’est concentrée sur trois pays, où le RU-486 a créé débats et polémiques : la France, l’Allemagne et les États-Unis.
La violence des commandos anti-IVG
Mais, encore une fois, il n’a pas été évident d’imposer aux chaînes ce projet. L’avortement est toujours un sujet clivant dans notre société et particulièrement à la télévision. De façon fort étrange, c’est le débat autour du mariage pour tous qui a permis à Simone Halberstadt-Harari de trouver un créneau : les polémiques autour de la famille ont rappelé les débats des années 1990 sur la question du début de la vie. Dans son film, la productrice montre qu’Étienne-Émile Baulieu a rencontré, dans les années 1970, une oreille attentive auprès du dirigeant de Roussel-Uclaf, la société pharmaceutique qui a développé le médicament. Mais que, très vite, l’aventure s’est corsée : la violence des réactions des opposants à l’avortement a repoussé, par trois fois, la mise sur le marché du RU-486. Au final, la société a cédé, après intervention de Claude Évin, alors ministre de la Santé de François Mitterrand, en 1988. Non sans heurt : des commandos anti-IVG ont squatté les halls d’entrée des centres d’orthogénie, voire carrément les salles d’intervention. Et si Roussel-Uclaf a fini par céder, elle ne voulait pas non plus se « salir les mains », et refuse donc de toucher la moindre royaltie sur la pilule. Et la pilule continue à faire débat ailleurs. L’enquête de Simone Halberstadt-Harari la conduit en Allemagne, où les actes chirurgicaux sont davantage rémunérés que l’avortement par voie médicamenteuse. Ou aux États-Unis, où des groupes de pression ultraconservateurs et fous de Dieu tentent de fermer les centres d’orthogénie en laissant les femmes dans la détresse…
Lire la Suite & Plus => L’Humanité