Fondation Clément : jusqu’au 31 mai 2015
— Par Christian Antourel & Ysa de Saint-Auret —
La peinture marque la toile selon son propre cheminement que lui souffle le peintre à l’oreille Il ne reste sur la toile que la trajectoire de la peinture giclée, distribuée à distance. Superbe virtualité totale en affleurement. La peinture de Sébastien Mehal évite tous les accidents, la trace sensible d’un geste, mais le peintre joue de l’ambigüité, même si le geste premier est recouvert, il en reste la trace ou l’absence de trace. Pour cette exposition, il utilise sur des châssis ayant tous la même surface, l’acrylique sur toile 180×180 cm. Le travail de recouvrement de la surface de la toile, fond uni qui renvoie au mythe du mur, demeure constant dans toutes ses œuvres. Sébastien Mehal poursuit avec une mobilité totale et cependant la permanence radicale du même travail sur la peinture, exploration lente et méthodique. Art de peintre, attitude jamais théorique mais de l’ordre de l’épuisement de l’espace de la peinture. Et les ajustements, les approches ne sont pas expérimentaux, mais nécessités par les besoins évidents d’une œuvre, absolument et inlassablement créatrice, dans la faculté de la peinture. La performance intègre les projections. Travail et peinture sont confondus de façon définitive La peinture reste légère et nue.
Le mystère tangible d’une tension
Aucun besoin d’effacer des effets de pâtes, la toile ne porte que le mystère tangible d’une tension… Rapports de surface, frontières du tableau, passage d’une toile à l’autre, répétition, écho d’une couleur, d’une forme ou de l’absence de couleur ou de forme. Peinture qui se donne et se dérobe, inlassable œuvre du temps entre oubli et mémoire. « Sébastien Mehal est un artiste de la mémoire qui s’intéresse à la condition de l’être humain, mais qui n’est cependant pas nostalgique …Je ne considère pas cette dé-construction comme quelque chose de négatif, mais plutôt comme une continuité dans la culture et dans l’évolution des Antilles » revendique t-il. Et ce n’est pas le hasard si les titres de ses tableaux nous entrainent dans le vertige verbal des métaphores sémantiques : « Complexe social »étincelle qui veut rendre leur noblesse à ceux à qui l’esclavage à ôté toute dignité. « Sociologie urbaine » sous l’ampoule nue de la misère palpite l’espoir. « HZ -2014. » L’ampoule qui est devenue l’emblème de Sébastien Mehal absorbe la lumière dans la sensualité du… marbre noir.
LIBERTE, EGALITE, ELECTRICITE.
« Les maisons de bric et de broc de Trénelle, empilées sur la colline s’allument les unes après les autres et les lumières jaune des ampoules électriques se mettent à briller lorsque se couche le soleil. La Fée électricité est passée par là. Un seul poteau de bois et de nombreux foyers s’illuminent. »
Pratique :
Une exposition personnelle
Jusqu’au 31 mai 2015
Case à Léo Fondation Cément
9h 18h sans interruption
Pur tout contact : 05 96 54 75 51.
Paru dans France –Antilles Le Magazine
Christian Antourel & Ysa de Saint-Auret.