« Diable d’homme ». Boite à malice

Au T.A.C. les 28/29/30 mai 2015 à 19h 30

diable_d_homme— Par Christian Antourel —

Attention aux idées reçues ! Qui dit amateur ne dit pas obligatoirement médiocre, et les spectacles présentés cette année à cette 9ème Rencontre de Théâtre Amateur, le prouvent une fois encore.

Une directrice énergique, de jolies jeunes femmes qui papotent, une secrétaire qui radote. Quoi de plus normal dans cette agence d’intérim si ce n’était le Diable qui se glissant dans la peau d’un homme d’affaires respectable, aidé de pouvoirs surnaturels et de la complicité d’un suppôt ne venait y semer un vent de désordres en manipulant ces femmes comme des marionnettes. Nous voici transporté par ce conte moderne au fait d’une pure comédie ou le surnaturel fait la nique à la magie ambiante. La pièce débordante d’humours et de tendresse rebondit de circonstances autant causasses qu’inquiétantes et où le Mal le dispute au Bien. Il s’agit pour Satan de faire commettre à ces femmes d’improbables péchés. Nous pourrons nous rincer l’œil et l’âme tout en nous abreuvant les neurones.

D’insondables failles psychiques

Comprendre la fragilité de l’âme humaine, voir comment des existences, somme toute banales, peuvent basculer dans le crime, l’escroquerie, le suicide, ou la luxure, le tout dans une érudition théâtrale jubilatoire et sans
Faille. Même si tout cela ne peut se concrétiser et se constater que sur scène et bien sûr en aucun cas dans la vie. Le spectacle reste dans la rétine. Car il est une représentation remarquablement maitrisée de la métaphore de vies apparemment routinières en une psychose cauchemardesque et déploie un théâtre entier mobilisant à fond les corps, le jeu, l’espace et jusqu’au son. Le texte surgit d’un personnage à un autre. La scénographie astucieuse et par instant quasi surréaliste envoie valser les codes du vaudeville et installe une ambiance dédalesque du désordre ou le moindre bruit, la moindre immiscion surgissant fait craindre de grands bouleversements ou déclenchent des rires. Le théâtre ici parvient à représenter ce transport si humain, à la fois concret et ouvrant d’insondables failles psychiques. Il souffle quelques effluves philosophiques et finit par dessiner le portrait de ces femmes aux prises avec l’ordinaire chaos de leur vie.

UNE TONALITE FANTASTIQUE ET ONIRIQUE
Les comédiens assurent au millimètre et semblent prendre possession avec délice de leurs personnages, qui ne ressemblent en rien à des figures archétypales. Ils sont bien trop vivants, trop délirants pour cela. Tous forment un bel accord pas tempéré du tout et même savamment désaccordés, ce qui pare l’ensemble d’une tonalité fantastique et onirique.

Pratique :
Au Théâtre Aimé Césaire
Une comédie de Robert Lamoureux
Mise en scène : Claude –Georges Grimonprez
Adaptation : Anne-Marie Clerc
Cie : Coutes Lignes
Les 27/28/29/30 mai 2015 à 19h30
Distribution : Satan/Lauret Bayoux :
C.G Grimonprez, l’éccrivain : B Couchet
Mme Labeillie : C.Raboteur, Gilberte Soidon :AM Clerc,
Olivia Matucci :S D’Haveloose,
Stéphane Dugard: C Samson, Florence Malavoine
Nicolas Vingalon :F.Minatchty: Raymond Lesquin : Julien Beaufrère

Régie : Manuel Bolbec.

Tout public
Renseignement/Réservation :
05 96 59 43 29

Texte paru dans France Antilles Magazine

Christian Antourel.