A l’invitation de L’Association pour la Promotion de l’Hispanisme en Martinique
25 mars à la Fac des Lettres, campus de Schoelcher, amphi Sellaye, 18h
Les intervenants :
Dominique Berthet : « Picasso et la guerre«
Solange Bussy : « Le traitement de la mémoire de la guerre civile (1936-1939) dans la ficyion romanesque. »
Histoire des arts :GUERNICA de Pablo Picasso
La guerre d’Espagne
En février 1936 les républicains ( rassemblement de républicains, socialistes, communistes, anarchistes ) sont au pouvoir. En juillet 1936, un coup de force fasciste dirigé par Franco a contraint l’Espagne à la guerre civile, qui devait provoquer des remous nombreux et divers dans le monde entier. Les nationalistes ( conservateurs, monarchistes, nationalistes ) craignant une révolution communiste, prennent le parti de l’armée derrière Franco.
Tandis que l’Allemagne d’Hitler et l’Italie prenaient le parti de Franco, les républicains sont quant à eux progressivement équipés d’armes soviétiques . La plupart des intellectuels et des artistes de l’époque se sont ralliés à la cause de la république espagnole. Beaucoup d’entre eux s’engagèrent dans la résistance contre Franco et y laissèrent leur vie. Des œuvres remarquables décrivent cette période : L’Espoir, de Malraux, Pour qui sonne le Glas, de Hemingway. A la différence de Malraux et de Hemingway, Picasso était doublement touché par les évènements, dans son cœur d’Espagnol, dans sa foi de républicain. En janvier de cette année1936, le Gouvernement républicain espagnol avait commandé au célèbre Picasso une composition destinée à son pavillon de l’Exposition internationale de Paris de 1937.
Fin avril 1937, pour le compte de Franco, l’aviation nazie bombarde sauvagement Guernica, petite ville traditionnelle du pays basque, car le pays basque était un bastion des républicains– c’est le premier bombardement massif d’une population civile. La « guerre d’Espagne » se déroula de juillet 1936 à avril 1939 et s’acheva par la défaite des républicains et l’établissement de la dictature de Franco, qui conserva le pouvoir absolu et instaura une dictature en Espagne jusqu’à sa mort en 1975. ( Picasso, lui, est mort en 1973 et ne verra donc pas la fin de la dictature). Ce bombardement a choqué et inspiré de nombreux artistes : Guernica est également le nom d’une des plus violentes sculptures de René Iché, d’une des premières musiques électroacoustiques de Patrick Ascione, d’une composition musicale de René-Louis Baron et d’un poème de Paul Éluard (La victoire de Guernica).
L’oeuvre de Pablo Picasso
1937 – Huile sur toile, 351×782 cm Museum of Modern Art, New York C’est une œuvre monumentale par son format dont le sujet est la dénonciation d’un crime contre l’humanité. La carte-souvenir publiée par le Gouvernement espagnol pour l’exposition universelle de Paris porte ces mots : «Guernica. Le grand peintre espagnol Pablo Picasso, créateur du cubisme et qui influença si puissamment l’art plastique contemporain, a voulu exprimer dans cette œuvre la désagrégation du monde en proie aux horreurs de la guerre. »
Description
-On voit à gauche, devant un taureau à l’encolure violemment retournée, une mère qui exhale sa douleur, son enfant mort entre les bras. Au centre, un cheval s’effondre, le flanc troué d’une lance, bouche ouverte, la langue acérée comme un dard. Sur le sol carrelé s’étalent en deux tronçons les restes d’un guerrier, la main gauche grande ouverte, la main droite crispée sur son épée rompue. Tout à droite, une femme transformée en torche vivante tombe dans le vide, bras tendus, tête révulsée. Au-dessous d’elle, s’étire le corps d’une autre femme, bras pendants, fuyant. Par une fenêtre ouverte, qui donne on ne sait où, surgit une apparition, tête en avant, crinière au vent, une lampe à bout de bras. Pareille à l’œil du Cyclope, une ampoule électrique domine la scène. Entre le cheval et le taureau se profile une table, sur laquelle un oiseau, cou tendu, bec ouvert, rend le dernier cri, le corps traversé d’une lueur.
-Si le titre n’était pas Guernica on aurait peine à y voir une allusion au bombardement de cette ville. Ce n’est pas une peinture d’histoire. Contrairement au Trois Mai 1808, de Goya par exemple.
On ne peut ni mettre une date, ni identifier la scène et non plus indiquer le lieu où la scène se déroule. Sommes-nous à l’intérieur d’une maison ? La porte entrebâillée à droite, le plafond et la lampe pourraient nous le faire croire, mais le pan de toit qu’on aperçoit au-dessus de l’apparition nous en dissuade. Nous sommes poussé à conclure que nous sommes à la fois dedans et dehors. On ne peut non plus localiser le moment de la journée, pas de rayons de soleil. D’où vient la lumière ? De la fenêtre ? De la lampe ? Elle émane en fait de l’intensité même de la scène. On ne peut pas non plus identifier le caractère ni les catégories socioprofessionnelles de ces personnages de Guernica. D’où l’aspect essentiel de l’œuvre : C’est une allégorie :les êtres et les objets conduisent notre esprit vers une idée générale, qui dépasse la simple représentation du drame de Guernica. Ce tableau semble parler de la barbarie et de l’horreur de toutes les guerres.
-Picasso exagère des scènes, des tons, utilise la déformation, surtout de la figure humaine, de façon à créer une impression de choc. Il s’efforce de porter chacune des douleurs représentées à son expression type. Ces déformations donnent à penser que la guerre atteint l’ordre même des choses, qu’elle n’est pas un désordre provisoire, ni un épisode de l’histoire, mais une contre-nature, qui, non contente de mutiler les êtres, prend plaisir à les contrefaire.
-L’espace du tableau de Picasso est agencé de telle sorte que puisse s’y réaliser le caractère à la fois expressif et symbolique des formes. L’espace n’est pas représenté avec beaucoup de profondeur. Les différents plans ( 1er plan, 2ème plan, 3 ème plan…arrière plan ) ainsi que les différents angles de vue ( de profil, de face…) semblent se mêler et se superposer. On reconnaît ici l’influence du cubisme du début du siècle.
-La composition générale du tableau est constituée de trois grandes parties. On constate également qu’elle est organisée autour d’un grand triangle central. Cette forme augmente la tension générale qui se
-Le rythme donné par l’alternance des droites et des courbes, des pleins et des vides, des blancs et des noirs, des formes-figures et des formes géométriques (les triangles noirs, blancs et gris qui hachent l’espace comme des lames), produit un effet de vertige.
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