— Par Annie SUGIER Présidente de la Ligue du droit international des femmes (LDIF) et Linda WEIL-CURIEL Secrétaire de la Ligue du droit international des femmes (LDIF) —
Ce qui est discriminatoire et stigmatisant, ce n’est pas de refuser que le voile soit porté mais au contraire de l’afficher.
On ne peut qu’être secoués de rire devant la prose accusatrice d’un lot d’universitaires dans une tribune publiée le 9 mars dans Libération envers notre Secrétaire d’Etat au droit des femmes coupable d’avoir laissé échapper qu’elle «préférait qu’il n’y ait pas de voiles à l’université» partageant en cela une opinion certainement majoritaire dans le pays.
Haro ! Voilà que ces propos illustreraient une «question qui n’a fait qu’instrumentaliser à moindres frais les droits des femmes au profit de politiques racistes, aux relents paternalistes et colonialistes – définissant pour les femmes de bonnes manières de se libérer, blanchissant une partie des associations féministes en les dédouanant de s’engager contre le racisme y compris dans leurs propres rangs, et inversement, en permettant à des associations dites ‘communautaires’ d’assimiler le féminisme au bras armé de vos politiques islamophobes».
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He bé ! La suite, un méli-mélo, souligne aussi que le refus du voile à l’université serait le fait de «mandarins en mal de ‘missions civilisatrices’».
Chers professeurs, avez-vous oublié le fondement universaliste de notre société, pour accepter que certains s’en distinguent volontairement par leur accoutrement (voiles, dishdash, kippas, bouclettes, ou autres turbans) et réclament un regard bienveillant tout en semant la division ?
Ce que vous défendez, sans oser clairement le dire, c’est le relativisme culturel par opposition à l’universalité des droits pourtant reconnue dans les conventions internationales et qui seule permet de développer une analyse critique des pratiques contraires aux droits des femmes. Par votre position de principe, vous vous interdisez de reconnaitre une évidence : le sens du voile. Ce qui est discriminatoire et stigmatisant, ce n’est pas de refuser que le voile soit porté mais au contraire de l’afficher, et cela, quelle que soit sa taille ou sa couleur, qu’il soit librement porté ou imposé.
Les sociétés humaines sont construites sur des symboles, en nier le sens n’est pas une attitude rationnelle.
En signant ce texte qui donne la priorité aux luttes antiracistes, économiques et sociales, au détriment des luttes féministes, comme si les premières étaient contradictoires avec les secondes, vous passez sous silence le combat des femmes sous toutes les latitudes, souvent au péril de leur vie, afin de refuser d’être à travers le «voilement» de leur corps, le porte-drapeau de l’islam politique.
Votre tribune parle encore d’une «inactualité nauséabonde». Curieux qualificatif puisqu’elle parait le jour même de l’ouverture New York de la Commission des Nations-Unies sur le Statut des Femmes, consacrée au bilan du plan d’action de Pékin-95, qui avait notamment désigné les extrémismes religieux comme étant porteurs de violences contre les femmes…
Annie SUGIER Présidente de la Ligue du droit international des femmes (LDIF) et Linda WEIL-CURIEL Secrétaire de la Ligue du droit international des femmes (LDIF)