A Madiana
— Par Roland Sabra —
Synopsis : Dans la famille Bélier, tout le monde est sourd sauf Paula, 16 ans. Elle est une interprète indispensable à ses parents au quotidien, notamment pour l’exploitation de la ferme familiale. Un jour, poussée par son professeur de musique qui lui a découvert un don pour le chant, elle décide de préparer le concours de la Maîtrise de Radio France. Un choix de vie qui signifierait pour elle l’éloignement de sa famille et un passage inévitable à l’âge adulte.
Deux millions d’entrées en deux semaines en France ! Et ce n’est qu’un début ! Pensez, le public parisien qui en a vu d’autres et qui n’est pas spécialement réputé pour ses manifestations délirantes d’enthousiasmes cinématographiques applaudit à la fin de chaque séance. Il faut dire que ce « feel good moovie », se situe dans la lignée « Des intouchables ». Eric Lartigau, qui donne par goût et par formation dans le cinéma de l’absurde constitue une famille de sourds-muets épatante, inspirée d’une histoire vraie, celle de Véronique Poulain, une assistante de Guy Bedos. Il est question de rapports entre entendants et sourds, entre parents et enfants, entre adolescents garçons et filles. Pas facile de s’émanciper quand on est la seule interface entre sa proche famille et l’extérieur. Position délicate comme dans cette scène chez le médecin au cours de laquelle Paula doit traduire en langue des signes un échange à propos de d’une mycose vaginale de sa mère aggravée par le refus de son père d’utiliser la crème prescrite ! Karin Viard, sensuelle et terrienne, François Damiens bougon et déconneur dans le rôle d’un couple aimant, attachant et plutôt décalé sont formidables de tendresse, de possessivité et finalement de dévouement parental. Si la mère pousse la captation de ses enfants jusqu’à l’indignité c’est toujours sur le mode comique et quant au père s’il tutoie parfois la rigidité c’est qu’il a fort à faire pour d’abord accepter puis permettre et enfin encourager sa fille à prendre son envol. Ils ont appris la langue des signes en six mois à raison de quatre heures de cours par jour ! Éric Elmosnino, en professeur de chant désenchanté, voire même aigri et à coup sûr caustique incarne un personnage certes un peu transgressif mais en tout cas bien sympathique. Les reprises des chansons de Michel Sardou de Je vais t’aimer à la Java de Broadway et La Maladie d’amour par la Chorale de l’école , celle des Hauts de Seine dans la réalité, font découvrir un aspect méconnu du répertoire du chanteur. Mais la véritable révélation de ce film c’est Louane Emera qui dans le rôle de Paula porte le film sur ses épaules. Présente dans presque toutes les scènes du film elle lui insuffle un dynamisme et une énergie qui vont crescendo jusqu’à la fin en mêlant savamment humour, émotion et suspense. Elle est bouleversante entre détermination, puissance et fragilité dans l’interprétation de « Je vole » qu’elle nous l’a fait entendre comme jamais auparavant.
Un film à voir en famille pour un pur moment de plaisir.
Paris le 03/01/2015
R.S.
Lire aussi : « La Famille Bélier », ou Du sens du verbe « entendre »
La Famille Bélier
Réalisateur
Eric Lartigau
Acteurs et actrices
Louane Emera Rôle : Paula
Karin Viard Rôle : Gigi
François Damiens Rôle : Rodolphe
Eric Elmosnino Rôle : Monsieur Thomasson
Roxane Duran Rôle : Mathilde
Luca Gelberg Rôle : Quentin
Ilian Bergala Rôle : Gabriel
Stephan Wojtowicz Rôle : M. le Maire
Rossigneux
Bruno Gomila
Journaliste Fr3
Céline Jorrion
Dr. Pugeot
Jérôme Kircher
Karène
Clémence Lassalas
Mademoiselle Dos Santos
Mar Sodupe
Le vétérinaire
Manuel Weber