— Par Robert Saé —
1 – Espionnage et manipulation
Les révélations d’Edward SNOWDEN ont fait l’effet d’une bombe pendant un temps et dans certains milieux. Mais l’immense majorité des utilisateurs des NTIC* pas été interpellée par la gravité de la situation et le rouleau compresseur continue d’écraser les libertés. Partout et à chaque seconde persistent le pistage et le contrôle de masse de tous les individus ainsi que l’espionnage de toutes les organisations et de tous les gouvernements. La toile totalitariste s’étend sur toute la planète. L’objectif des maîtres des multinationales est double : établir une domination fasciste sur la population mondiale et optimiser les profits. C’est une guerre idéologique totale qui est menée. Leur stratégie recouvre plusieurs aspects. Pour ceux qui sont aux commandes des NTIC, il s’agit de manipuler les mouvements populaires et d’en dévier les perspectives en cultivant le rejet de la politique et le refus de l’organisation pour cantonner ceux-ci dans la spontanéité et l’improvisation. Ce qui laisse le champ libre aux agents du système et aux provocateurs. Systématiquement, des campagnes massives de désinformation sont planifiées, des provocations sont menées, via le piratage des comptes entre autres, pour discréditer des associations ou des personnalités opposées à leur système. Dans le même temps, la consultation de certains sites, abusivement signalés comme dangereux, est empêchée et la circulation de courriers électroniques « alternatifs » peut être bloquée. Plus encore, dans le contenu des messages véhiculés par le biais des NTIC sous contrôle, s’affirme une intention manifeste d’aliéner les individus et de dévoyer les esprits. Les pages d’accueil des « grands » sites et la hiérarchisation des informations sont conçues de façon à capter l’attention des internautes sur des centres d’intérêts déterminés : ceux qui les conditionnent, qui les désinforment et qui flattent leurs bas instincts. Ce n’est pas un hasard si ce sont l’avilissement des relations entre les individus et la dégradation de la personne humaine, en particulier sur le plan sexuel, qui sont mis au premier plan. Emissions de téléréalité ou vidéos dites « déjantées » imposées au grand public, incitation à « faire le buzz » poussent à un exhibitionnisme et à un voyeurisme malsains. Le culte d’un individualisme et d’une compétition débridés, la surreprésentation de la violence* participent également de cette volonté de déstructurer le tissu social pour dominer celui-ci sans partage.
(* même les enfants, dès le plus jeune âge, sont ciblés à travers les jeux vidéo ./ * NTIC : Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication)
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1- Des profits indécents
1000 milliards de dollars ! Voici le chiffre d’affaires global des opérateurs de téléphonie mobile. Cela représente 1,4% du produit intérieur brut mondial. En généralisant l’addiction des individus et la dépendance technologique des pays, mais aussi par des stratégies commerciales relevant du racket, les multinationales qui sont aux commandes des NTIC se livrent à un véritable pillage des richesses mondiales. Dans les moindres recoins, les individus subissent un harcèlement publicitaire incessant. Ils sont incités à « moderniser » leur équipement et à établir le maximum de connexions ! Les enfants et les adolescents sont la cible principale visée. « Changez votre sonnerie ! », «Tentez de gagner une voiture en répondant à une question hyper facile ! », «Tachez avec mille nouveaux « amis » ! », etc.
Les pays soumis à l’impérialisme occidental sont poussés à faire d’importants investissements qui mènent à une dangereuse dépendance technologique et économique. Dans le même temps, les multinationales y confortent leur entreprise de domination idéologique et d’espionnage. Même les pays dits « développés » sont tributaires des manœuvres orchestrées par les multinationales. Récemment, une ministre européenne se plaignait que la concurrence commerciale entre pays était faussée par les techniques de référencement ayant cours sur la toile.
2 – Des pratiques criminelles
Pour contraindre les utilisateurs à consommer massivement, la durée de vie de tous les appareils et de leurs composants est sciemment limitée. C’est ce qu’on appelle l’obsolescence programmée. L’une des graves conséquences est l’accumulation de déchets toxiques, souvent rejetés sans ménagement dans les « pays pauvres ». Selon une étude scientifique chapeautée par l’ONU, « Les déchets électriques et électroniques générés chaque année dans le monde devraient augmenter de 33% d’ici à 2017, pour atteindre chaque année une montagne lourde de 65,4 millions de tonnes – soit près de 200 fois l’Empire State Building. » Ainsi, l’hégémonie des multinationales sur les NTIC a pour incidences une pollution à grande échelle de la planète et, pour les populations, des dommages sanitaires massifs tant au plan physique que mental ainsi que l’aggravation des difficultés économiques. On comprendra donc que la plus grande vigilance s’impose quand certains appellent à « lutter contre la fracture numérique ». Tous les crimes contre l’humanité que nous avons pointés du doigt doivent être répertoriés et, tôt ou tard, leurs auteurs devront être sanctionnés.
3 – Prenons les commandes
Aujourd’hui, les NTIC sont pour les multinationales un moyen de maintenir les peuples en esclavage, mais il est possible d’en faire une formidable arme d’émancipation. Cela exige que nous en prenions les commandes, d’une part, en combattant les dépendances et les addictions et, d’autre part, en menant la bataille idéologique.
Concernant la lutte contre la dépendance technologique et financière, il faut saluer les initiatives prises par certains pays pour contourner la main mise des multinationales occidentales (Satellites, « autoroutes » parallèles, Telesur, etc.) Toutefois, il est important d’insister sur le fait que l’ampleur du combat à mener est telle, que celui-ci ne saurait être victorieux sans une mobilisation massive de tous ceux qui veulent construire un monde plus juste et plus serein. Prendre les commandes des NTIC, c’est en faire un usage responsable qui privilégie le collectif et le réellement utile, luttant par là même contre la dépendance et le gaspillage. C’est aussi se défaire du travers consistant à substituer le mirage de connections internet à toutes les autres formes de relations humaines, tellement indispensables à la cohésion sociale. A ce niveau, les rencontres associatives, l’action des médias alternatifs et les programmes scolaires peuvent jouer un rôle majeur dans l’éducation à l’esprit critique nécessaire.
Sur le front idéologique, une vigilance et un engagement de tous les instants s’imposent pour :
– combattre la désinformation, le culte de l’individualisme et la bestialisation des rapports sociaux qui sévissent sur la toile et dans les réseaux sociaux ;
– propager les valeurs humanistes de respect mutuel et de solidarité.
Comme toutes les technologies, les NTIC peuvent servir au meilleur comme au pire. Prenons-en les commande pour qu’elles soient vecteurs de l’émancipation des peuples !