— Dr Jean ROGER, G-MER Etudes Marines (www.g-mer.fr) —
Le 19 août 2002, le préfet de la Guadeloupe réglementait par arrêté (n°2002/1249/PREF/SGAR/MAP) la pêche des oursins blancs (tripneustes ventricosus), la rendant possible uniquement du 16 décembre au 14 janvier de chaque année. La raison, une disparition progressive et marquée de l’espèce dans l’archipel du fait d’une surconsommation du « caviar des Antilles », pourtant très utile dans le processus de protection des récifs coralliens de par son activité d’herbivore consommant les algues et permettant aux nouvelles colonies de se fixer. En 2012, le préfet durcissait la mesure en interdisant complètement cette pêche, sans exception. Depuis, la demande a baissé et cette mesure a donc permis à l’espèce de perdurer, et recoloniser les fonds marins dans certaines zones, qui étaient pourtant en situation critique avant l’arrêté préfectoral, comme par exemple à la Désirade (photo 1) où la densité approche de celle des réserves naturelles marines comme Petite-Terre (photo 2).
Malheureusement, il existe toujours des réfractaires à la loi, que nul n’est censé ignorer, qui s’entêtent à piller les gisements qu’ils découvrent. Ainsi, on a pu constater beaucoup de « prélèvements » non-autorisés cet été le long des plages de Guadeloupe, allant de l’oursin mangé directement les pieds dans l’eau, aux dizaines enveloppés vite fait-bien fait dans une serviette et emportés dans le coffre de la voiture malgré les indignations des voisins de plage. Et le braconnage n’est pas uniquement la marotte de plagistes et autres plaisanciers n’en ayant que faire du respect de l’environnement et des ressources de notre belle île, mais également une manière d’arrondir les fins de mois pour certains pêcheurs professionnels, comme çà a encore été le cas ce week-end (12/10/2014) au port de pêche de Saint-François où plusieurs amoncellements de centaines de tests d’oursins ont été observés le long du quai (photo 3).
Du fait d’un braconnage menant petit à petit à la disparition des oursins blancs, la Martinique a opté pour des fenêtres de quelques jours sous surveillance accrue des services de l’Etat (douanes, gendarmerie maritime, etc.). Ainsi, cette semaine, le préfet de Martinique a ré-ouvert la pêche aux oursins pour quelques jours (du 6 au 10 octobre) sous condition de retrait d’une autorisation auprès du Comité des Pêches de la Martinique. Et en Guadeloupe ?
Nous rappelons que les infractions à cette interdiction peuvent être sanctionnées à hauteur d’un montant pouvant atteindre 22500 euros, accompagné d’une saisie du matériel de pêche, bateau inclus.
Le braconnage!