Condamnée à six ans d’emprisonnement pour avoir défendu les droits de l’homme en Iran, le Prix Sakharov 2012 a obtenu une libération provisoire.
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Deux ans. Il aura fallu plus de deux ans de combat acharné à l’illustre avocate iranienne Nasrin Sotoudeh pour que les autorités iraniennes daignent lui accorder une libération, provisoire, de prison. « L’avocate emprisonnée Nasrin Sotoudeh a été autorisée à quitter la prison (d’Evin) pour trois jours après le versement d’une caution de 300 millions de toumans iraniens (180 000 euros, NDLR), a révélé jeudi le site iranien d’opposition Kaleme. Une nouvelle confirmée par le quotidien britannique The Guardian, qui, citant l’époux de la prisonnière politique, affirme que la permission de sortie de trois jours de l’avocate iranienne pourrait être prolongée.
Très vite, des photographies de la lauréate du prix Sakharov 2012 enlaçant son jeune fils se propagent sur Facebook, réseau social prisé par la jeunesse iranienne pour s’informer en temps réel, malgré la censure gouvernementale. C’est que celle qui est devenue l’icône de la démocratie en Iran a mené pendant vingt-huit mois un véritable combat à mort contre Téhéran. Pour avoir gratuitement défendu des activistes politiques, des journalistes, et même des manifestants opposés à la réélection de Mahmoud Ahmadinejad à la présidence, Nasrin Sotoudeh est jetée en prison en septembre 2010, puis condamnée en janvier 2011 à onze ans d’enfermement et à vingt ans d’interdiction d’exercer son métier. Une peine réduite en appel à six et dix ans.
Harcelée en prison
Les juges islamiques la reconnaissent coupable d’avoir « agi contre la sécurité nationale » et de « propagande contre le régime » iranien, et, même emprisonnée, l’ex-bras droit de Shirin Ebadi (Prix Nobel de la paix 2003, NDLR) continue d’être harcelée. Dans la funeste prison politique d’Evin, l’avocate est régulièrement envoyée, plusieurs semaines durant, dans une minuscule cellule individuelle. Mais ce n’est pas tout. Son mari, Reza Khandan, et ses deux enfants, de 3 et 11 ans, se voient interdire toute visite en prison. Pire, sa fille Mehraveh a reçu une interdiction judiciaire de quitter le pays.
C’en est trop pour la femme de loi. Le 17 octobre dernier, Nasrin Sotoudeh entame une grève de la faim pour que sa fille retrouve ses droits. La seule arme dont elle dispose. Cela n’est pas pour plaire à Téhéran. Le 31 octobre, elle est de nouveau jetée en confinement solitaire, « dans des conditions comparables à une tombe », raconte son mari au site International Campaign for Human Rights in Iran.
Grève de la faim
Consciente de l’urgence de son cas, l’Europe monte au créneau et décide de donner à l’avocate un coup de pouce. Fin octobre, le Parlement européen lui décerne son prix Sakharov « pour la liberté de l’esprit », en compagnie de son compatriote cinéaste Jafar Panahi, condamné pour sa part à six ans de prison. « Nous devons soutenir ces personnes contre un État qui ne respecte aucune des libertés fondamentales. Ce prix, c’est aussi un non très clair au régime iranien », souligne alors le président du Parlement, Martin Schulz.
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Le Point.fr – Publié le 19/01/2013 à 11:06 – Modifié le 19/01/2013 à 13:24