Les résultats provisoires de l’étude sur le recensement de 2008 menée par Maks Banens et Éric Le Penven montrent une concentration des couples de même sexe dans les villes ; plus celles-ci sont importantes, plus le pourcentage de couples homosexuels est élevé. Dans l’agglomération parisienne, 7,4 couples sur 1.000 sont de même sexe, soit 19.000 couples. À Paris intra-muros, 2,4 % des couples sont homosexuels. Plus la ville est petite et moins le pourcentage de couples homosexuels est élevé. Avec des exceptions. Comme à Montpellier où, pour 1.000 couples, 6,8 sont de même sexe. « Pour les couples de lesbiennes, Montpellier est la première ville de France », relève Maks Banens, avec 2,7 couples de femmes pour 1.000, contre 2,4 pour 1.000 à Paris.
Depuis 2000, plus de 63.000 pacs entre personnes de même sexe ont été célébrés et le nombre d’unions entre homosexuels a triplé en dix ans. Selon les derniers chiffres publiés, le taux de pacs homosexuels est le plus élevé d’Europe. Combien de personnes pourraient être concernées par l’ouverture du mariage aux couples gays et lesbiens? Une question d’autant moins évidente qu’il n’existe pas de recensement de la population homosexuelle en France. « Ce sont des données sensibles », rappelle Martine Gross, ingénieure de recherche en sciences sociales au CNRS et présidente d’honneur de l’Association des parents et futurs parents gays et lesbiens (APGL). « Il n’est pas question de ficher les personnes selon leur orientation sexuelle. »
Selon une enquête réalisée en 2011 par l’Ifop pour le magasine Têtu, 3,5 % des personnes interrogées se définissent comme homosexuelles et 3 % comme bisexuelles. Soit – en extrapolant à l’échelle de la population de 18 ans et plus – 3,2 millions de personnes revendiquant une part d’homosexualité, parmi lesquelles 1,72 million d’homosexuels. Selon cette étude, qui révèle aussi que les homos et bi seraient majoritairement des hommes (67 %), seulement 46 % des homosexuels vivraient en couple contre 70 % des hétérosexuels.
Il n’existe que très peu de données statistiques sur les couples de même sexe en France. « En 1999 encore, la norme hétérosexuelle était si forte que les instituts statistiques refusaient de considérer comme des couples les personnes de même sexe », explique le chercheur Patrick Festy, qui avait réalisé en 2006 une appréciation statistique selon laquelle environ 150.000 couples homosexuels vivraient sous le même toit en France, soit 300.000 personnes. Parmi eux, 14.000 couples vivant avec des enfants.
« L’homoparentalité est un fait social en croissance »
L’homoparentalité est une notion récente. Et de l’aveu même de l’Ined, « elle reste difficile à quantifier faute d’instruments adaptés ». Selon les résultats provisoires d’une enquête menée sur le recensement de 2008 par les démographes Maks Banens et Eric Le Penven, « seulement » 56.000 couples homosexuels résideraient sous le même toit. Parmi eux, 5.000 à 6.000 vivraient avec des enfants de moins de 25 ans. « La marge d’erreur peut se révéler importante, précise Banens. Nous travaillons sur des données de 2008. Je ne serais pas étonné que nous soyons plus proches aujourd’hui de 10.000 enfants. L’homoparentalité est un fait social en croissance. »
Pour lui, l’estimation de l’Association des parents et futurs parents gays et lesbiens, qui avance le chiffre de 200.000 à 300.000 enfants ayant un parent homosexuel, est tout à fait plausible. Selon des enquêtes réalisées par des chercheurs de l’Institut national de veille sanitaire auprès de lecteurs de la presse gay, 11 % des hommes sondés déclarent avoir des enfants mais moins de 1 % vivent avec eux. Beaucoup d’enfants sont nés d’une précédente union – hétérosexuelle –, les pères accueillant pour la plupart leurs enfants un week-end sur deux et la moitié des vacances. Jusqu’ici, aucune étude ne prend en compte ces familles, sans doute plus nombreuses mais difficiles à dénombrer.
Christel De Taddeo – Le Journal du Dimanche
samedi 12 janvier 2013
N.B. : Si on extrapole les chiffres nationaux on obtient pour la Martinique le chiffre d’environ 23 000 personnes de 18 ans et plus revendiquant une part d’homosexualité. Sans doute plus si l’on tient compte d’une hyper-sensibilité régionale à l’homosexualité comme en témoignent les clichés, les propos homophobes et les pratiques dérivatives constatées lors du carnaval. (M’A)