— Par Peggy Fargues —
43eme Festival culturel de Fort de France
La couleur est annoncée d’entrée avec les comédiens musiciens qui apparaissent en chantant le thème de la farce qui va se déployer devant les nombreux spectateurs venus retrouver la Cie Téatlari, sur le trottoir de la Bibliothèque Schoelcher puis dans l’allée des Commerces de la Savane, ce dimanche 6 juillet, en ouverture du 43eme Festival culturel de Fort de France.
« vorasité sé pa péché lè ou fen, mé bouden ka vini gwo lè ou ka viv pou manjé ; ou ka manjé tou sa ou touvé san pou otan ou fen …sé voras ou voras !!! (la voracité n’est pas un péché quand tu as faim, mais l’obésité s’installe quand tu vis pour manger ; tu avales tout ce que tu trouves sans avoir faim, parce que tu es vorace… »
C’est le bonimenteur qui lance au porte-voix (parce qu’on est dans la rue et que le porte-voix est nécessaire aux rabatteurs commerciaux ) l’histoire d’une fillette « qui mangeait pour manger sans besoin d’avoir faim, oui !!!… et quand elle avait faim, inutile d’en parler parce que personne ne peut décrire une telle voracité devant les bonbons, les doucelettes, les pilibos, les riz au lait et les poulets frites, oui !!! Tout ce qui passait devant ses yeux était attrapé et avalé, comme qui dirait que l’enfant ne vivait que pour manger, oui !!!… Et malgré les moqueries de ses amis, malgré les grimaces du miroir qui la voyait gonfler chaque jour davantage, Nanie Rosette courrait se cacher pour ne pas partager avec personne ce qu’elle grignotait, suçait, léchait, avalait … sans manman, oui !!! ».
A l’ouverture de la caisse décor en carton qui marque encore l’importation, elle apparait énorme et « bien gonflée », prise au piège de la voracité tendu par le Diable Agoulou Gran Fal friand de jeunesse, de jeunes femmes et certainement des milliers de personnes victimes de la surconsommation.
Madame Pilibo, la manman, retrouve Nanie Rosette collée sur la roche du Diable dans la forêt urbaine du coté de « la Rue l’enfer ». Avec l’aide du vieux scout Pè Fèfène et de Filibère Filé Kouto, elle mettra tout en œuvre pour libérer sa fillette « bien dodue » des griffes du Satyre. Et de chants, d’appels à l’aide au public, de pièges déjoués et de recommandations, Nanie Rosette aidée de son smartphone, assiste à la lutte menée par sa manman contre le Malin qui tente, en vain, de chanter la chanson clé qui ouvrira la porte de la maisonnette construite autour de la fillette pour la protéger de ses assauts.
Une belle comédie chantée et rythmée par des comédiens talentueux et pleins de ressources dont le jeu créole rappelle avec bonheur la Comédia del’arte et le Théâtre Balinais dont s’inspire pour le Théâtre de rue, José Alpha le metteur en scène. Accroché dès l’apparition des personnages, l’important public de tout âge jubile, commente, intervient autant sur les frasques du Diable que sur la détermination de Man Pilibo à libérer sa Nanie du piège de la gourmandise dans lequel tombe la jeunesse et toute personne vulnérable. Le public chante les musiques d’Alfred Fantone tout au long de la farce, reprend les tirades, alerte les protagonistes des apparitions diaboliques. Tout le monde a compris que l’éducation des enfants doit prévenir la gourmandise, la consommation en excès et la tentation.
Mayou LUC tient le rôle de Nanie Rosette ; Liliane DEPERCIN est Man Pilibo ; Alfred FANTONE est Pè Fèfène, musicien et concepteur des musiques ; Christian CHARLES est Filibère Filé Kouto et musicien ; José ALPHA est le Diable Agoulou Gran Fal et concepteur de l’adaptation. La peinture est de Luc KABILE, Artiste peinte, portraitiste.
Selon les comédiens, NANIE ROSETTE est à la disposition des Comités d’entreprises pour les Fêtes de fin d’année, des Fêtes patronales, des Anniversaires, Campagnes de prévention, des Surprises et Sérénadees, du Théâtre à domicile..
Peggy FARGUES Une spectatrice photographe des images d’illustration