— Par Roland Sabra —
« L’échange » de Paul Claudel, les 08 et 09 novembre à Fort-de-France! Voilà un évènement théâtral de taille. Le travail de la Compagnie de la Comédie Noire a fait l’objet d’une couverture de presse élogieuse. On trouvera à la suite, un dossier de présentation avec un résumé de la pièce. A ne surtout pas manquer!
Le débat, parfois vif, qui depuis deux ans travaille à nouveau, le monde théâtral et qui porte, pour le dire vite, sur la place du texte dans la représentation se poursuit, comme l’illustre la controverse entre Florence Dupont et Denis Guénoun. Ce débat n’est pas importé, ici en Martinique. Il est enraciné à l’existence même du théâtre martiniquais dont l’indubitable filiation avec la poésie est à la fois sa force et sa faiblesse. Comme aime à le souligner la comédienne Amel Aïdoudi « On fait de l’or avec de l’or« . C’est pourquoi le recours à des textes forts, « L’échange » de Claudel, « Les Bonnes » de Genet, Manteca de Torriente ou les admirables traductions en créole de Becket par Monchoachi peut être salué comme une tentative de refondation du théâtre. Elle n’est pas la première et ne sera pas la dernière. Tout metteur en scène sur le plateau est convoqué pour creuser, comme si cela n’avait jamais été fait, le texte afin de poser les appuis sur lesquels il construira sa (re-)présentation de l’œuvre.
« Les arts de la rue », dont la tradition carnavalesque de la Martinique pourrait en faire une terre d’élection, se portent mal. Mais au fait qu’est devenu « Le Chien fè » entraperçu, lors d’un carnaval à Fort-de-France et qui avait mobilisé quelques crédits semble-t-il? La conception de l’outil a-t-elle prévalu sur son usage? La focalisation sur les moyens a-t-elle englouti la finalité? Si c’était le cas, c’est le problème du financement de la création artistique qui serait posé. On y reviendra.
Dans le cadre de la semaine du créole (pourquoi une semaine?) WOPSO la pièce de Marius Gottin, mise en scène par José Exélis a été offerte, gratuitement au public, par Manuel Césaire, Directeur du CMAC-Atrium. Comme à chaque fois, des spectateurs qui découvraient la pièce ou parfois même qui découvraient tout simplement le théâtre, in vivo, ont été ravis. Ravis à entendre au sens de ravissement, enlèvement, soulèvement par des vagues de rires, de tendresse et de reconnaissance. Le plus étonnant est d’entendre des spectateurs qui découvrant la pièce anticipent à voix haute sur les répliques des comédiens. Ce qui se passe sur scène entre les comédiens les convoque comme acteurs martiniquais. On souhaiterait maintenant une mise en scène filmée, qui adoucisse la dureté de l’éphémère du théâtre, en attendant , pourquoi pas?, une suite. N’est-ce pas Marius Gottin?
Roland Sabra