Prochain rdv: mardi 17.06.2014
Meteorango Kid, Herói Galático (1969), est un film plein de symboles.. Il peut provoquer l’étonnement, le rire et le dégoût et parler de choses un peu plus graves..
Le mouvement underground du cinéma de Bahia à la fin des années 60 a révélé beaucoup de réalisateurs intéressants. André Luiz Oliveira était l’un d’eux. Diplômé de l’école de cinéma UFBA, André est rejoint par les acteurs marginaux du théâtre, du cinéma d’avant-garde et par Novo Baianos (groupe de rock) avec qui il va réaliser un film au sujet de la révolte de la jeunesse de la classe moyenne.
Au centre de tout cela, Lula (Luiz Antônio Martins), un étudiant d’université, le jour de son anniversaire. Crucifié entre le devoir et la morale de la non-conformité politique de sa famille bourgeoise. Lula est l’anti-héros intergalactique à travers son labyrinthe quotidien, à travers ses fantasmes et illusions libertaires, laissant derrière lui une traînée de mécontentement et une invitation à la rébellion à tous les niveaux.
Absolument dépouillé, anarchique et irrévérencieux, le film montre crûment le profil d’un jeune homme désespéré, représentant une génération submergé par la dictature militaire et la morale rétrograde d’une société passive et hypocrite. La jeunesse comme intersection d’événements.. Comme dans le classique d’Andréa Tonacci, Blablabla (1968) les protagonistes ont tous raison et tous tort. Les discours politiques sont parfois inoffensifs, parfois importants. Et l’idée est de montrer ce qui peut provoquer le doute dans la tête de ce jeune, de plus en plus assoiffé et repoussé par les autres.
Lula, comme André Luiz Oliveira, observe le monde avec un rire ironique, la soif de la rébellion et le désir d’avoir tout le monde, de se l’approprier … Rebels avec une cause et sans pourquoi. Cela est clair dans la séquence clé où Lula et deux amis s’ennivrent et fument un joint. Le résultat est la traduction de l’idéologie humaine. La loi du plus fort. Par ailleurs, après avoir vu Meteorango Kid, Herói Galático, il est facile de comprendre d’où Lily Ferreira et Selton Mello ont pris inspiration pour l’excellent « Arido »(2006).
Esthétiquement, Meteorango Kid, Herói Galático s’abreuve à la fontaine de réalisateurs tels que Glauber (en particulier dans Cancer) et Sganzerla (Bandit Red Light et HQ) et flirte également avec le Néoréalisme italien et la Nouvelle vague. Ce film aussi est un hommage à « Tropicalismo », mouvement né à Bahia, par exemple avec les images et le discours de Caetano Veloso lors d’un festival et la bande son de Moraes (Moreira) et Paulinho (Boca de Cantor). Helio Oiticica et son art y sont aussi facilement identifiés. Cependant, l’audace rend le film semblable aux premiers travaux de John Waters, où la priorité est de présenter un freak show répulsif, terrifiant et chiffres surréalistes.
Meteorango Kid, Herói Galático entré dans l’histoire du Cinéma comme l’un des meilleurs films marginaux du Cinéma brésilien et a remporté le prix du public au Festival de Brasilia à sa sortie.