— Par Christophe Carrière —
Refusé par le Festival de Cannes, le long-métrage d’Abel Ferrara avec Gérard Depardieu en ersatz de DSK a été projeté sur une plage de la Croisette. Un événement orchestré de main de maître par le producteur Vincent Maraval, au service d’un très mauvais film.
Il s’appelle Devereaux, est un économiste français mondialement reconnu, est promis aux plus hautes fonctions de l’Etat, et a un appétit sexuel pathologique, au point de violer une femme de chambre dans un grand hôtel new-yorkais. Toute ressemblance avec un personnage existant n’est pas fortuite et ni Gérard Depardieu, interprète principal, ni le producteur Vincent Maraval, ne s’en cachent. C’est même l’élément marketing massue de ce film qui ne sortira pas en salles, mis en ligne sur les plateformes VOD depuis ce samedi 17 mai à 21h. L’autre argument poids lourd promotionnel est inattendu. Refusé par le comité de sélection du Festival de Cannes, Vincent Maraval fait de Welcome to New York un film maudit. Sous entendu ici et là que le Festival aurait subi des pressions pour que le long-métrage ne soit pas au programme officiel…
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La réalité est hélas ! moins scandaleuse. Elle apparaît aussi nue que Gérard Depardieu l’est au détour de plusieurs scènes : Welcome to New York, pourtant signé par Abel Ferrara, orfèvre de films aussi sulfureux que brillants (Bad Lieutenant, King of New York), est sans aucun intérêt. On attendait le regard aiguisé d’un cinéaste sur l’affaire qui fit (et fait encore) gloser la planète. On se retrouve devant une bête retranscription de ce qui a été vu, revu et rabâché à la télé, dans les journaux, dans des livres et même dans une série (New York Unité Spéciale). En bonus, une scène d’orgie à base de champagne et de crème glacée, et des échanges improvisés entre Gérard Depardieu et Jacqueline Bisset (dans le rôle de l’épouse humiliée) qui auraient mieux faits d’être écrits.
Du grotesque à l’ignoble
Au passage, toutes les théories de comptoir y passent, d’un hypothétique complot à la fortune de Madame amassée douteusement par sa famille en 1944… Du grotesque, le film bascule à cet instant dans l’ignoble. Dans la salle de cinéma éphémère dressée pour 200 journalistes sur une plage de la Croisette, le malaise était palpable. Provoquer, c’est bien. Creuser, c’est mieux. Et ce ne sont pas des réflexions comme : « Personne ne peut aider personne. Car personne ne veut être sauvé », ou encore un « Qu’ils aillent tous se faire enculer ! » lâché en aparté au spectateur par un Devereaux-Depardieu excédé, qui vont faire avancer le débat.
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